Vœux du Tour de France pour la Santé et des organisations signataires. à Mme Vautrin, Ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités

Madame la Ministre,

Vous prenez vos fonctions à la tête d’un ministère de la Santé confronté à une crise profonde et grave, conséquence des politiques menées depuis plus de 20 ans et poursuivies sous la présidence d’Emmanuel Macron.

La désertification médicale et paramédicale s'étend. Les services d’urgence sont saturés et pour nombre d’entre eux ne sont plus en capacité d’accomplir leur mission de continuité d’accueil 24 heures sur 24, ni même l’assurance d’une prise en charge humaine et de qualité. Ces difficultés sont partagées par l’ensemble des services hospitaliers et 6700 lits ont fermé en 2022. Le médico-social et le social subissent des dégradations à l’identique.

Les personnel.le.s épuisé.e.s, en souffrance, en perte de sens, quittent l’hôpital, les structures médico-sociales, voire changent de profession. Rien n’est fait réellement pour les retenir.

Le monde de la santé a du mal à compter sur la relève en secteur ambulatoire. Les jeunes professionnels médicaux et paramédicaux peinent à s’intégrer totalement dans cet environnement qui a perdu son sens et est devenu maltraitant par perte de considération et par excès d’exigences tutélaires.

La situation faite aux Praticien.ne.s à diplôme hors Union Européenne (PADHUE) est exemplaire de cette non-reconnaissance des profession nel.le.s et de la maltraitance institutionnelle qui leur est faite. Plus de deux mille d'entre eux.elles sont aujourd'hui non renouvelé.e.s dans leur fonction, voire dans leur titre de séjour alors qu'ils.elles ont assuré la continuité des soins dans les hôpitaux et notamment dans les services d’urgence. Nous vous demandons des mesures immédiates pour leur maintien en fonction et leur intégration.

Les droits de santé des étranger.e.s déjà malmenés dans la loi immigration du 19 décembre 2023 risquent d'être encore réduits par " l'adaptation" annoncée de l'Aide Médicale d’Etat.

En matière de politique du médicament, notre dépendance vis-à-vis d’une industrie pharmaceutique marchande conduit à une augmentation des coûts et à des ruptures d’approvisionnement inacceptables.

La loi de financement de la Sécurité sociale 2024 adoptée par 49-3 va encore accentuer l’étranglement financier des établissements et des associations.

Et lors de son intervention télévisée, Emmanuel Macron, sous prétexte de les responsabiliser, pénalise les malades en justifiant et annonçant l’augmentation des franchises médicales.

Les conséquences de cette crise de la Santé dans sa globalité sont gravissimes pour une part de plus en plus importante de la population. Difficultés d’accès aux soins, renoncement aux soins, retards de diagnostics et de prise en charge, inégalités de santé s’amplifient.

Votre prise de fonction s’accompagne de l’annonce par le premier ministre d’une enveloppe de 32 milliards d’euros supplémentaires pour la Santé sur 5 ans. Il promet un budget à venir historique pour l’hôpital public pour 2025.

Nous avons déjà été échaudés par le passé avec le Ségur de la Santé. Nous avons dénoncé une loi de financement de la Sécurité sociale 2024 prévoyant une évolution des dépenses de santé inférieure au budget nécessaire à la simple reconduction de l’existant.

Ces annonces qui paraissaient aller dans le bon sens ne sont en fait qu’un « coup de com » de plus et une tromperie, les 32 milliards correspondant à l’évolution prévisible des dépenses de santé inscrites dans la loi de financement et en rien à un effort supplémentaire. Une véritable provocation pour les professionnel.le.s et les usager.e.s confronté.e.s quotidiennement à la dégradation de notre système de santé.

Car la situation est telle, effectivement, qu’elle impose des mesures exceptionnelles ne pouvant attendre et qui, pour nous, doivent aller intégralement au service public ou non lucratif dans la santé le médico-social et le social, seuls garants de l’accès aux soins pour toutes et tous, sans aucune discrimination, et de la réduction des inégalités sociales de santé.

Le 24 janvier 2024, les organisations signataires

Syndicats : Fédération Sud Santé Sociaux, Fédération Syndicale Unitaire, Syndicat de la Médecine Générale, Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes, Syndicat National des Infirmier(e)s Conseiller(e)s de Santé-FSU, Syndicat National Unitaire des Assistants Sociaux de la Fonction Publique, Union Fédérale Médecins, Ingénieurs, Cadres et Techniciens-CGT, Union Syndicale de la Psychiatrie, Union Syndicale des Médecins de Centres de santé, Union Syndicale Solidaires

Mutuelles : Alternative Mutualiste, Fédération des Mutuelles de France, Mutami

Associations, collectifs et coordinations : Act Up Sud-Ouest, Appel des appels, Association des Médecins Urgentistes de France, ATTAC France, Cerises la coopérative, Collectif Inter-Urgences, Collectif National des Droits des Femmes, Collectif des Médecins Généralistes pour l'Accès aux soins, Conseil National de la Nouvelle Résistance, Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Intégration des Praticiens à Diplômes Étrangers Engagés Contre la Crise, Le choix Citoyens pour une mort choisie, Les Essentiel.les du Lien et du Soin, , LaSantéUnDroitPourTous, Le Fil conducteur psy, Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du Monde, Médicament Bien Commun, Notre Santé en Danger, Planning Familial, Pratiques les cahiers de la médecine utopique, Printemps de la Psychiatrie, Réseau des Centres de Santé communautaire, REVES jeunes, RPS FIERS

Organisations régionales départementales et locales : Collectif de défense des services publics du Lubéron, Collectif Sauvons l'hôpital de Chinon, Collectif 37 Notre Santé en Danger, Collectif Tenon pour l'IVG, Collectif Tour de France Santé de Quimper, Comité de Défense de l’Hôpital de Concarneau, Comité de Défense de l’hôpital de Toul, Comité de défense des hôpitaux du Nord Essonne, Comité Ivryen pour la Santé et l'Hôpital public, Comité de Vigilance des Services publics de Haute-Saône, Coopérative communautaire Santé Bien-Etre La place Santé, Droit Au Logement Haute Garonne, Le choix Citoyens pour une mort choisie Antenne du Nord, Le Village 2 santé centre de santé communautaire, Planning Familial du Nord, Planning familial Val de Marne, Santé Pays-Haut (54), Union des syndicats CGT-Bassin Villeneuvois (94)

Forces politiques : ENSEMBLE !, France Insoumise, Gauche Démocratique et Sociale, Gauche Ecosocialiste, Gauche Républicaine et Socialiste, Génération.s, Mouvement des Progressistes, Nouveau Parti Anticapitaliste, Nouvelle Donne, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti de Gauche, Parti socialiste

Contact : tour-france-sante-plfss@mailo.com

Françoise Nay : 06 07 89 06 57
Bruno Percebois : 06 70 34 35 87
Ramon Vila : 06 01 73 71 28
Laurent Laporte : 06 80 99 47 42

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Le 4 avril, avec le social et le médicosocial

Jeudi 4 avril 2024, les secteurs social et médico-social étaient dans la rue, à l’appel de Sud Solidaires, la CGT, FO soutenus par le Collectif 37 Notre Santé en Danger.

Plusieurs établissements ou associations étaient représentés, dont La Boisnière, l’ADAPEI, l’Eveil, les Elfes, le CH de Luynes des étudiant.es de l’ITS….

Une travailleuse sociale et une AESH ont donné des éléments pour comprendre cette mobilisation nationale qui concerne à la fois le social et le médico-social, les pénuries dans l’un et l’autre secteur augmentant les difficultés pour les usager-ères: Et malgré un constat déjà alarmant, le gouvernement choisit de réduire les budgets de fonctionnement de plus d'un milliard d'euros cette année. 

Quand les Travailleur-ses Sociaux et médico- sociaux-les craqueront et n'en pourront plus, qui prendra en charge l'enfance en danger, les personnes vieillissantes, les personnes en situation de handicap, les personnes en insertion professionnelle, les personnes à la rue, les personnes sortant de prison, les personnes migrantes, les personnes mal logées, les personnes dont les accidents de vie empêchent de se nourrir, de se chauffer, de se vêtir ...

De quelle société voulons nous ?
  •  150 travailleurs et travailleuses sociaux et médico-sociaux en grève se sont rassemblé.es devant la préfecture avant de manifester jusqu'à l'ARS pour revendiquer:
    • La prime Ségur 183€ pour tous-tes! Sans conditions!
    • La sauvegarde de leurs conventions collectives ! 
    • Refus du décret d'1 milliard d'euros d'économies dans le social!
    • Mesures attractives pour le métier, augmentation de salaires!
    • De vrais moyens pour accueillir/accompagner dignement les personnes.
      Il y a 1,2 millions de travailleurs et travailleuses sociaux en France.
      En 2 ans il y a eu 150 000 départs à la retraite et 90 000 démissions depuis la COVID.
      30 000 postes restent non pourvus dans le social d' où :
  •  Les personnes âgées se retrouvent abandonnées et leurs familles en souffrance.
    • Par manque de places dans des établissements, elles sont maintenues à domicile avec peu ou pas du tout l'accompagnement nécessaire, les familles se retrouvent alors devoir les prendre en charge.
  • Il y a aussi les personnes en précarité financière, sans emploi, qui peinent à se loger (et au passage le gouvernement veut alléger la loi SRU qui garantit notamment la mixité sociale), les personnes en souffrance psychique, les personnes isolées, les personnes qui ont fui leur pays pour leur survie.... on a tous et toutes été, on est tous et toutes et/on sera tous et toutes confronté.es au travail social à un moment de notre vie. 
  • Une enfance en danger, puisque les enfants ne sont pas pris en charge.
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Les travailleurs et les travailleuses sociaux d'aujourd'hui représentent la dernière digue. Elle est en train de péter !

Tout l'équilibre et le lien social que le travail social permet de maintenir est en train de s'effondrer !

Rappelons également que 90% des travailleuses sociales sont des femmes qui ne sont pas valorisées pour leurs compétences professionnelles, puisque ce système patriarcal considère que c'est un travail "inné" chez les femmes...

Le social se bat pour tout le monde!
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Intervention du 23 mars 2024 journée internationale contre le racisme, le fascisme et le colonialisme

Le Collectif Notre Santé en Danger est mobilisé aujourd’hui contre le racisme, le fascisme et le colonialisme : nous refusons toujours la réforme de l’Aide médicale d’état, qui permet un accès minimal aux soins des personnes sans-papiers, et dont Fréderic VALLETOUX a annoncé qu’elle se ferait par décret avant le 1er juillet, pour en durcir encore les conditions d’accès. Avec une telle mesure, le gouvernement banalise un climat de haine de l’autre et veut imposer l’idée qu’on n’aurait plus les moyens de soigner tout le monde, qu’il faut faire « le tri » entre les malades. Mais attaquer l’AME c’est attaquer la santé de tous et toutes ! Dans le même temps, G. Attal a annoncé vouloir nommer un émissaire pour aller chercher des médecins à l’étranger et les faire travailler en France : Vision très néocoloniale qui consiste à déshabiller des pays de leurs médecins à notre profit, pour ensuite restreindre l’accès aux soins des malades de ces mêmes pays. L’hôpital public repose aujourd’hui en bonne partie sur des médecins étrangers, mais ils y sont sous-payés, surexploités et maintenus dans la précarité. Notre santé a besoin d’eux, avec les mêmes statuts et salaires que leurs collègues !

Nous continuons d’exiger l’accès aux soins pour toutes et tous avec ou sans papiers !

Et bien sûr, nous condamnons les bombardements commis par Israël sur les hôpitaux à Gaza, tuant indistinctement, des malades de tous âges et des soignants.

Collectif 37 Notre santé en danger
collectifsante37@gmail.com