Débat du 13 décembre avec le Dr HIJII, pédiatre palestinien

Une centaine de personnes étaient présentes pour assister à la soirée débat sur la Palestine à la faculté des Tanneurs de Tours.

Des informations ont ensuite été données sur la guerre actuelle qui dure depuis déjà plus de 2 mois. Le nombre de morts est estimé entre 20 à 30 000 et la situation sanitaire est terrible : pas d’eau, pas de médicament (notamment anesthésiants), le manque de nourriture devient aussi inquiétant et des gens pourraient mourir de faim. MSF compare la situation actuelle des hôpitaux à celle qui régnait durant la Première Guerre mondiale !

Le Dr HIJII est un pédiatre retraité, il est responsable au sein de l’association PALMED, qui rassemble des médecins palestiniens vivant en Europe. Cette association assure la formation de médecins palestiniens et l’envoi de médicaments. Il a raconté son histoire, car il s’est retrouvé à Gaza où il n’avait pas été depuis 10 ans, juste avant le début des bombardements. Il a expliqué que 300 cadres de santé, médecins et infirmiers sont déjà morts. Le directeur de l’hôpital Al-Shifa est arrêté ainsi que celui de l’hôpital Gamal Idouane au nord de Gaza. Il a relaté les conditions de travail terribles dans lesquelles se retrouvent les soignants : des lits sont installés sur les parkings de l’hôpital, beaucoup d’amputations doivent être faites, surtout pour les enfants, à cause des problèmes d’infection et du risque de gangrène, car il n’y a pas d’antibiotique. Les coupures de courant sont régulières, ils n’ont que 1h à 4h de courant par jour. Il n’y a évidemment rien non plus pour prendre en charge les patients atteints de pathologie chroniques, les personnes âgées. Les blessures sont principalement des brûlures très graves qui ne peuvent soulager faute d’anti-douleur. Les cadavres sont mis dans les frigos en attendant d’être enterrés en fosse commune. Avec l’hiver qui arrive, les conditions vont se durcir encore plus. L’hôpital Al-Awda au nord de Gaza est assiégé par des tanks et les soldats israéliens tirent quand quelqu’un en sort. 250 médecins sont à l’intérieur avec les blessés et les familles, il reste 3j de réserves de nourriture, 2j de réserve en eau, 4J de réserves en carburant. Il y a 2 femmes enceintes et 38 nourrissons. L’ONU reste silencieuse. Que vont-ils devenir ?

Le navire-hôpital français, dont Macron avait fait la propagande, est resté seulement 2 jours près de Gaza, il est ensuite parti au Liban.

La guerre est aussi celle de l’eau : les usines de traitement d’eau de mer ont été détruites par Israël, privant ainsi la population d’eau potable. À tout cela il faut rajouter le blocus que subit Gaza depuis 16 ans.

C’est plus de 1 million 900.000 personnes qui sont réfugiées dans le sud de Gaza ; les camps de réfugiés sont bombardés également en Cisjordanie. Israël mène une guerre totale et génocidaire contre les Palestiniens.

Malgré tout, le peuple palestinien veut rester sur sa terre, cette 5e guerre est la pire, mais ils reconstruiront leurs villes et l’occupation prendra fin forcément un jour, comme partout cela s’est passé dans le monde.

Notre rôle en France est de continuer à manifester pour faire pression et arrêter ce massacre qui a lieu sous nos yeux. Un premier résultat de ces pressions qui peuvent s’exercer aussi à travers le boycott : l’entreprise PUMA a été contrainte de mettre fin à son parrainage de l’équipe nationale de football d’Israël.

Collectif 37 Notre santé en danger
collectifsante37@gmail.com

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Témoignages sur l’évolution des soins à l’hôpital de Tours

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Trois femmes, interviewées par le Collectif Santé 37 : notre santé en danger, racontent leur expérience d’hospitalisation à Tours sur une période qui s’étale de 1986 à mars 2017.

Premier témoignage

En 1986 mon premier enfant est né par césarienne à la maternité du Beffroi1.J’ai ensuite fait une hémorragie. Mon hospitalisation a duré 14 jours afin que je récupère (pas de transfusion possible à l’époque) même si mon enfant se portait bien.

Deuxième témoignage

24 sept 2001 à la clinique du Parc Chambray les Tours : La naissance de mon aînée a dû se faire par césarienne. A l’époque on préconisait de rester alitée une semaine complète à l’hôpital avant de sortir. La sortie s’est donc faite 10 jours après l’accouchement, contrairement à ce qui se fait aujourd’hui.

11 juin 2014 à l’hôpital Bretonneau: Pour la naissance de ma cadette, j’ai été victime d’une grosse hémorragie (j’ai dû être transfusée d’1,6 l de sang). Le lendemain, on m’annonçait que je pourrais rentrer chez moi le 3ème jour après l’accouchement en HAD (Hôpital à Domicile) avec des soins pour une grosse épisiotomie. Me trouvant très faible, et avec 2 enfants qui m’attendaient à la maison, j’ai demandé si cela n’était pas trop tôt quand même. On m’a répondu que c’était mieux pour moi et que mes enfants seraient contents!

Bonjour la culpabilisation!

De retour à la maison, en effet j’étais contente de retrouver mes enfants, mais j’étais également très faible, très fatiguée et frustrée parce que je ne pouvais pas m’en occuper alors qu’ils me sollicitaient. J’aurais eu besoin de me reposer un peu plus et d’être dans un endroit calme ce qui n’était pas possible avec les enfants.

Les infirmières me prodiguaient des soins dans ma chambre, avec la risque qu’un enfant n’y pénétre par surprise. Ainsi, mon intimité de patiente n’était absolument pas respectée. Les mauvaises conditions de soins ont retardé la cicatrisation. L’hygiène chez soi n’est pas celle d’un hôpital.

L’infirmière me disait de me reposer davantage, mais comment faire ? Le médecin m’avait dit que je pouvais rentrer chez moi, cela signifiait donc que j’étais capable de reprendre mes activités familiales, sauf que je voyais que je n’y arrivais pas; quelquefois j’en pleurais de fatigue et de culpabilité. Je venais d’avoir un 3ème enfant et je me disais que je n’étais pas capable de m’en occuper !

J’ai mis un an à m’en remettre.

Troisième témoignage

sur l’évolution lors de 4 hospitalisations sur des périodes différentes et pour des pathologies différentes

​Février 1994 en gynécologie à Bretonneau : 10 jours d'hospitalisations pour une complication hémorragique au cours d’une intervention gynécologique
​février 2008 : dans le même service, 24 h d’hospitalisation suite à une opération d'un cancer du sein avec prescription d’un suivi infirmier externe

​Juillet 2016 : dans le même service, opérée pour une intervention gynécologique le vendredi, je suis sortie le lundi fin de matinée. Pourquoi ? Au regard de l'antériorité de mon dossier, la gynécologue qui m'opérait a décidé d'une journée d'hospitalisation en plus  que prévu pour ce type d’acte, mais elle - a dû justifier la raison de cette journée supplémentaire; là aussi je suis sortie avec une liste de n° de téléphone à contacter en cas de besoin et le nom de l'infirmière proche de mon domicile.

​Mars 2017 pose d'une prothèse de genoux  dans le service d’orthopédie à Trousseau : je devais sortir le mardi, le dimanche j'ai été informée de ma sortie pour le lundi par décision du cadre de santé

Voila les différents témoignages sur ce que j'ai vécu au cours de  mes hospitalisations mais je rend  hommage aux praticiens et personnels soignants pour leur dévouement dans un contexte de travail difficile.


Commentaires

Ces récits qui s’étalent sur une période de 31 ans donnent une idée de la dégradation de la prise en charge hospitalière ; même s’il est question en 2001 d’un établissement privé, la clinique du Parc, les préconisations étaient les mêmes à cette période qu’à l’hôpital.

Ce qui frappe au niveau des accouchements, à 15 années d’intervalle, c’est qu’auparavant on laissait plus de temps aux femmes pour récupérer. Maintenant, les conditions particulières des patientes sont de moins en moins prises en compte, il faut respecter le protocole ! La culpabilisation des mères est un argument bien facile et particulièrement révoltant pour libérer les lits au plus vite.

Alors que les moyens techniques progressent, la condition des femmes ne s’améliore pas pour autant pour des raisons budgétaires !

La dictature de la diminution de la durée de séjour préconisée n’est pas une amélioration point s’en faut ! Les protocoles ne peuvent pas s’adapter à tout le monde surtout pour des raisons financières. Il fut un temps où on adaptait les soins en fonction des patients, pour un retour à la maison dans de bonnes conditions. A l’heure actuelle, la prise en compte de la rentabilité passe avant l’état de santé physique ou psychique du ou de la patient.e. Pour un accouchement c’est 3 jours, ensuite vous vous débrouillez avec les infirmiers libéraux ou dans de rares cas en HAD Hôpital à domicile. Le 2ème témoignage montre à quel point ces solutions peuvent être préjudiciables aux patientes.

La durée d’hospitalisation est fonction du protocole et non de l’état du patient ou sinon il faut le justifier, ce qui fait dire à une des femmes que le chirurgien est maintenant aux ordres de l'administration  et de sa logique comptable ​au lieu de donner la priorité au patient. Le retour à domicile dans n’importe quelles conditions pose d’autres difficultés ; avec la pénurie médicale dans de nombreuses régions, la sortie trop rapide peut amener un défaut de soins. De même, les infirmières à domiciles toutes compétentes qu’elles soient, sont surchargées de travail ; il y a donc des limites à cette politique imposée aux patients.

Une infirmière retraitée ayant travaillé dans les hôpitaux plus de 40 ans ajoute : respectez les patients en tenant compte de leurs besoins réels et les soignants retrouveront le plaisir du travail bien fait et ils rentreront chez eux certes fatigués mais satisfaits. Les objectifs comptables de l’hôpital mettent patients et soignants sur une ligne dangereuse alors que les moyens de bien soigner existent.

1 Annexe du CHU de Tours qui a été fermée en 2003

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C'était bien une vague blanche ce 16 juin qui a envahi les rues de Tours à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO santé et le SNMH, SUD, le collectif 37 Notre santé en danger et le collectif inter-urgence.

Cette mobilisation a dépassé nos espérances, preuve qu'on n'achète pas le personnel de santé avec des médailles en chocolat ou des primes à géométrie variable et qu'il faut bien plus que les honneurs du 14 juillet pour la reconnaissance des professions du soin.