Communiqué du SMG - Rapport Oustric, Bérard, Seiller : l’arrêt de travail en danger

SMG

Nous reproduisons ici le communiqué du 22 mars 2019 du syndicat de la Médecine Générale sur le rapport Oustric, Bérard, Seiller qui remet en cause les arrêts de travail .

Le Collectif 37 : Notre Santé en Danger appelle à relayer très largement ce communiqué.

Ce rapport, présenté le 20 février 2019, a pour but de réduire les dépenses de santé liées aux arrêts maladie. Il rend les travailleur.euse.s responsables de l’augmentation des dépenses et met en danger le droit à l’arrêt de travail pour raison de santé. Le Syndicat de la Médecine Générale (SMG) défend l’arrêt de travail comme outil thérapeutique et demande à l’Etat de s’attaquer aux vraies causes des dépenses de santé dans ce domaine : conditions de travail et de vie, allongement de la durée du travail.

Pour faire face à l’augmentation des dépenses de santé liées aux arrêts maladie, constatées depuis 2014, ce rapport commandé par le gouvernement propose essentiellement des mesures de flicage et d’encadrement des arrêts maladie. En pointant du doigt les usager.e.s qui seraient irresponsables et profiteur.se.s, il prévoit un renforcement des contrôles des motifs d’arrêt de travail par des médecins contrôleur·euse·s payé·e·s par les employeur·euse·s. Il prévoit aussi d’étendre les jours de carences à tou.te.s les travailleur.euse·s du privé comme du public. Cette mesure pénaliserait bien entendu les plus précaires.
Le rapport prévoit indirectement un encadrement des médecins dans leur prescriptions en leur demandant de suivre des référentiels par pathologie : cinq jours pour un mal de dos, pas un de plus ! Cet encadrement, qui ne tient pas compte de la réalité concrète de chaque situation de soin, pourrait être valorisé via une prime à la performance pour les médecins obéissant.e.s.

La substance de ce rapport très idéologique défend que la responsabilité des arrêts maladie appartient aux seul.e.s malades. Le rapport refuse de voir la responsabilité sociale des entreprises, qui imposent parfois des conditions de travail maltraitantes et dangereuses. Il refuse de parler du rôle joué par un environnement dégradé ou par les inégalités sociales de santé. Il refuse de parler de l’allongement de la durée du travail avec le recul de l’âge à la retraite, les patient.e.s âgé.e.s étant plus souvent malades et donc arrêté.e.s.Il néglige volontairement le rapport de la DREES sur les causes collectives et politiques de l’augmentation des dépenses.

Le SMG tient à rappeler au gouvernement que l’arrêt de travail est un droit social acquis, mais aussi un traitement essentiel sans effets indésirables pour les patient.e.s. Plutôt que de sans cesse fliquer les malades, il nous apparaît bien plus pertinent de s’attaquer aux vraies causes des problèmes de santé : conditions de travail, de vie, environnement.

A titre d’exemple, nous proposons quelques mesures pour réduire les dépenses liées aux arrêts maladies à long terme : retour de la retraite à 60 ans (voire moins) à taux plein, réduction du temps de travail, renforcement des services de médecine du travail et d’inspection du travail, renforcement des pouvoirs des CHSCT dans la gouvernance des entreprises.

Le SMG rappelle que, malheureusement, tous les outils sont en place pour limiter le pouvoir de prescription des médecins en terme d’arrêts maladie, considérés comme complaisant.es par les gestionnaires de l’Assurance maladie : la ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique), prime sur résultats en place depuis 2012, prévoit de pouvoir introduire éventuellement de nouveaux critères type nombre de jours d’arrêts maladie prescrits et de payer les médecins en fonction – ce que le SMG a déjà pointé en 2016 (communiqués du SMG).

initialement publié sur le site du Syndicat de la Médecine Général, le vendredi 22 mars.

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Coordination Nationale, infos de la semaine

Chaque semaine nous vient une information qui recule les limites de l'horreur dans la prise en charge des patients à l'hôpital public ; aujourd'hui c'est un malade des Urgences de Nimes qui est couché à même le sol sur un matelas (plus de brancard, voir plus bas).

Rassemblement à Tours pour la journée mondiale de la santé.

Le Collectif Santé avait appelé à marquer la journée mondiale de la santé par un rassemblement Place J. Jaurès ; nous étions bien visibles avec de nombreux panneaux et banderoles, accompagné entre autre, de Convergences services publics. Nous avons distribué le tract commun et fait de nouveaux contacts. Ci-dessous notre intervention :

Intervention du 23 mars 2024 journée internationale contre le racisme, le fascisme et le colonialisme

Le Collectif Notre Santé en Danger est mobilisé aujourd’hui contre le racisme, le fascisme et le colonialisme : nous refusons toujours la réforme de l’Aide médicale d’état, qui permet un accès minimal aux soins des personnes sans-papiers, et dont Fréderic VALLETOUX a annoncé qu’elle se ferait par décret avant le 1er juillet, pour en durcir encore les conditions d’accès. Avec une telle mesure, le gouvernement banalise un climat de haine de l’autre et veut imposer l’idée qu’on n’aurait plus les moyens de soigner tout le monde, qu’il faut faire « le tri » entre les malades. Mais attaquer l’AME c’est attaquer la santé de tous et toutes ! Dans le même temps, G. Attal a annoncé vouloir nommer un émissaire pour aller chercher des médecins à l’étranger et les faire travailler en France : Vision très néocoloniale qui consiste à déshabiller des pays de leurs médecins à notre profit, pour ensuite restreindre l’accès aux soins des malades de ces mêmes pays. L’hôpital public repose aujourd’hui en bonne partie sur des médecins étrangers, mais ils y sont sous-payés, surexploités et maintenus dans la précarité. Notre santé a besoin d’eux, avec les mêmes statuts et salaires que leurs collègues !

Nous continuons d’exiger l’accès aux soins pour toutes et tous avec ou sans papiers !

Et bien sûr, nous condamnons les bombardements commis par Israël sur les hôpitaux à Gaza, tuant indistinctement, des malades de tous âges et des soignants.

Collectif 37 Notre santé en danger
collectifsante37@gmail.com