Débat sur l’hôpital à Vierzon le 12 février

20190212 204247Ce débat était organisé dans le cadre d’un « café repaire » sur le thème : SOS hôpital public en détresse : Coupes budgétaires, regroupements, fermetures, quel avenir pour l’hôpital public ?
80 personnes, selon le Berry Républicain ont participé activement à ce débat après le visionnage du film « Clocheville à vendre ? » réalisé à Tours par Sans Canal Fixe pour le collectif 37 Notre Santé en Danger.

Ce film part de l’exemple de la vente du site de Clocheville et des craintes suscitées par la restructuration du CHRU de Tours passant de 5 sites à 2 en 2026 puis un seul en 2040 et le risque que la spécificité de cet hôpital pédiatrique unique dans la région et comme il y en a peu en France disparaisse . Qu’en restera t-il au bout du processus ? L’opacité est de mise. Bien sûr la population y étant attachée le problème n’est pas posé ouvertement par la direction de l’hôpital mais d’ores et déjà les suppressions de lits et de postes ont commencé. Cet hôpital pédiatrique le seul de la région, devrait plutôt servir d’exemple à imiter plutôt que prévoir son démantèlement disait un spectateur.
Capture d écran 2019 02 16 à 21 07 36Le film a été une bonne introduction au débat car les problèmes posés se retrouvent partout. Les injonctions de restrictions budgétaires et leurs dégâts concernant tous les hôpitaux, il n’a pas été difficile de faire le lien avec la situation à Vierzon qui a vu ses hospitaliers faire 145 jours de grève pour sauver la maternité.
L’intersyndicale du CH de Vierzon, intervenante dans cette soirée, avait mené la lutte soutenue par la population et ses élus dont le maire. La grève ainsi que l’occupation du camp gaulois ont permis aux habitants de témoigner concrètement de leur soutien ; les grévistes ont même pris du poids avec les victuailles qu’on leur apportait ! Toute la ville de Vierzon manifestait pour sauver son hôpital et sa maternité.
Résultat : la maternité qui devait fermer est maintenue et 4 médecins ont été recrutés dont un gynécologue. L’horizon n’est pas clair pour autant car après un rapport de la cour régionale des comptes, l’hôpital est mis sous tutelle et l’intersyndicale s’inquiète de la feuille de route prévue pour combler le déficit.
Le journal local vante la mutualisation de 2 services, la pédiatrie et la maternité dans des locaux neufs, mais avec 6 personnels en moins pour une économie de 300.000€.
Les attaques touchent tous les hôpitaux, le plan de santé en préparation ne peut que les renforcer et les cliniques privées en font leurs choux gras. D’autres exemples d’attaques contre les maternités ont été donnés, Creil, Le Blanc mais avec partout des résistances. A la question posée d’unir les forces, le collectif 37 Notre santé en danger a montré l’intérêt de s’organiser en comité pour défendre les intérêts des usagers et aussi à rejoindre la coordination des hôpitaux et maternités de proximité. A Altkirch et à Thann les maternités sont maintenues après de longues luttes.
20190212 190745Le monde qui était présent dans cette assemblée montre qu’il y a une volonté de ne pas rester les bras croisés face à ces attaques.
L’appel au soutien pour le financement du film a été entendu (il reste 1000 € à payer sur les 5200 qu’a coûté le film) et a permis de rassembler 125 €. Le film est une bonne introduction au débat et pourra être utile dans la mobilisation pour la défense des hôpitaux. Une prochaine projection est prévue au Blanc le 22 ou 23 mars avec le comité de défense de la maternité du Blanc « Cpas demain la veille » dans le cadre des journées de mobilisation « Macron accouche ».
La dynamique de résistance est là, multiforme, et n’est pas prête de s’arrêter.

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témoignage d'une infirmière


témoignage d'une infirmière

La soirée du 20 octobre pour la « défense de l’Hôpital » a été l’occasion de multiples échanges entre usagers et personnels de l’hôpital. Voici le témoignage d’une infirmière lu au cours de la soirée et publié sur le site de la Rotative:

Mesdames, messieurs,
Comme vous le savez le CHU de Tours va être le théâtre d’un vaste plan de restructuration. Notre direction a d’ailleurs largement communiqué sur ce plan : nouveau bâtiment, meilleur accueil pour les patients. Mais sous couvert de modernisation ce sont bien toutes les catégories de personnel qui vont être touchées par un plan social déguisé. Bien sur, il n’y aura pas de licenciement sec mais des départs non remplacés, des contrats non renouvelés et pour la population moins de lits, des délais d’attente plus long pour leur prise en charge.
En tant qu’infirmière, je fais partie du personnel soignant.
Ce métier comme la plupart de mes collègues je l’ai choisi car comme on nous l’a enseigné lors de nos différents cursus, il permet d’appréhender la globalité d’un ou d’une patiente. Les soins, pour en rappeler la définition du Larousse, se sont : « des actes par lesquels on veille au bien être de quelqu’un, des actes thérapeutiques qui visent à la santé de quelqu’un, de son corps » mais aussi «des actes d’hygiène, de cosmétiques qui visent à conserver ou à améliorer l’état de la peau, des ongles, des cheveux..». En l’occurrence, ses soins que nous prodiguons à nos patients sont le cœur de notre métier, ils sont le moyen de conserver voir d'améliorer l’état de santé de nos patients, ils englobent des soins techniques en collaboration avec l’équipe médicale ou relevant de notre rôle propre mais aussi des soins relationnels.
De plus pour la plupart d’entre nous, nous avons choisi d'exercer notre métier au sein du secteur public, pensant éloigner la notion de « merchandising » du soin et par conséquent pouvoir prodiguer des soins sans souci de rentabilité.
Aujourd’hui nous avons bien compris que l’hôpital outre sa fonction de service public doit aussi se comporter comme une entreprise générant des profits et afin de recueillir ses dits profits, il faut rentabiliser la prise en charge non plus des patients et patientes mais des clients et clientes. Et nous comprenons bien que pour des gestionnaires, écouter, tenir une main, rassurer, parfois essuyer des larmes et même accompagner les derniers souffles ne rapportent n'en d’un point de vue financier. Mais pour nous, tout cela c’est notre quotidien.
Aujourd’hui les restructurations que l’on veut nous imposer, attaquent le cœur de notre métier, elles remettent en cause nos valeurs, ces valeurs qui font que pour satisfaire nos patients, nous sommes capables de sacrifier nos repos pour remplacer un collègue absent, de ne pas manger ou boire, tout cela, c’est un comble, au détriment de notre propre santé.
On nous demande d'être toujours plus efficaces, toujours plus rapides ou mieux organisés. Mais certains soins demandent du temps. L’exécution d’une toilette de patient alité est, selon les protocoles de soins, estimé entre 45 et 60 minutes. Faute de personnel suffisant, nous n’aurons plus le temps d'effectuer ce soin correctement entraînant un risque pour l’état cutané de nos patients, un risque d'augmentation des infections nosocomiales.
On nous demande de ne plus changer les draps aussi souvent, qui accepterait de se reposer dans des draps souillés?
Par la diminution au sein de nos effectifs, on nous contraint à effectuer plus de tâches sur notre temps de vacation au risque pour nous de devenir maltraitants, au risque de commettre des erreurs mettant en jeu la santé de nos patients, mettant en jeu notre diplôme.
Ce manque de temps à accorder à nos patients entraînera indéniablement une augmentation de leur angoisse, de leur agressivité ainsi que celle de leur famille mettant en difficulté voir en insécurité nos collègues. Comment assurer une éducation thérapeutique de qualité à nos patients en courant d'une chambre à l’autre?
Comment encadrer les personnels de demain, quand nous même, vous nous obligez par manque de temps, manque de moyens, manque d’effectifs à ne plus respecter scrupuleusement les protocoles de soins et d’hygiène.
Toutes ces interrogations sont pour nous source de stress, de malaise, de mal-être, d’insécurité au sein de notre travail. Nous nous soucions de la qualité de prise en charge de nos patients, nous demandons droit à travailler dans de bonnes conditions et en sécurité. Et pour cela, nous demandons des moyens humains pour le faire.
Nous ne pouvons pas accepter de faire «payer» à nos patients des politiques de santé qui mènent à la deshumanisation de l’hôpital, nous ne pouvons pas accepter de devenir seulement des techniciens du soin. Nous vous réclamons le droit de pouvoir rentrer chez nous en se disant nous avons fait notre travail correctement, tout simplement nous vous réclamons le droit d’être fier d'être des soignants.