Intervention du collectif Notre santé en danger au CESER le 26 octobre 2018

 

20181023 142730Suite à une pétition en mars de la CGT qui avait rassemblé plus de 4000 signatures, contre le plan régional de santé, le CESER Conseil Économique Social et Environnemental Régional a décidé de faire une enquête sur les conséquences de la fermeture de services dans les hôpitaux publics de proximité. Le CESER est une assemblée consultative composée de conseiller.es issus des organisations d’employeurs, de syndicats de salariés et du monde associatif et environnemental de la région sur des sujets intéressant la région.

Depuis juin il consulte syndicats, collectifs d’usagers et directeurs d’hôpitaux de la région touchés par les restructurations, Orléans, Tours, Le Blanc, Vierzon... C’est donc en rapport avec l’action menée pour la défense des usagers de l’hôpital de Tours que le collectif 37 Notre santé en danger a été invité à donner son point de vue sur les conséquences de la restructuration du CHRU le 26 octobre.

Les 4 personnes qui nous ont reçues venant de la société civile, FAGE, FO, UNAFAM, économie sociale et solidaire ont bien précisé que le CESER n’avait qu’un rôle consultatif. Celui-ci doit rendre un rapport en février.

Nous avons précisé que nous appartenions à la coordination des hôpitaux et Maternités de proximité et que nous venions de participer aux rencontres du 23 octobre 2018 de Vierzon qui rassemblaient autour du maire de Vierzon et de celui du Blanc des comités d’usagers de communes où les hôpitaux sont menacés ou parfois n’existent plus. Nous référant aux témoignages qui avaient été donnés, nous avons donc commencé par donner le contexte.

Les hôpitaux de proximité perdent leur maternité, leurs laboratoires, et tout se retrouve sur le CHU qui en même temps voit ses moyens diminuer. Ce n’est pas petits hôpitaux au bénéfice des grands, c’est tout le service public hospitalier qui est à la peine. Nous ne sommes pas en concurrence, il faut des moyens partout suffisants pour se soigner.

À Tours il y a un grand hôpital, un CHRU ; un article de la Nouvelle république du 12 octobre indiquait que celui-ci avait vu son activité croître, mais avec 32 lits d’hospitalisation et une centaine d’équivalents temps pleins en moins seulement pour 2017. En parallèle, il y a eu une augmentation du nombre de patients accueillis aux urgences (+ 2,5%) et du nombre d’appels (presque 20 % en plus) sachant qu’il y a un tri déjà dans les appels. Il faut vraiment insister pour faire admettre les personnes âgées et les personnes handicapées. Des personnes âgées se retrouvent à sortir chez elles la nuit seules ou avec un conjoint en difficulté.

Pour cette année le nombre de suppressions sera plus important avec la suppression des hôpitaux de semaine : neurochir, pneumo, médecine… Les chiffres varient en fonction des résistances, mais les suppressions continuent. Les restructurations continuant à marche forcée avec les suppressions des hôpitaux de semaines.

À quoi servent les hôpitaux de semaine :

  • diabète, éducation et bilans : l’éducation vraiment efficace d’un diabétique ne se fait pas en lui disant de ne pas manger de sucre, mais en lui faisant comprendre les conséquences, en lui apprenant à faire ses insulines, à savoir réagir aux hypoglycémies… Il ne peut pas y avoir la même efficacité en une consultation par rapport à ce qui se faisait en plusieurs jours. Certes, cela prend du temps, mais à long terme ce sont des personnes qui sont capables de se gérer au quotidien et cela diminue les conséquences désastreuses ; ce n’est pas normal qu’on trouve encore des personnes devenir aveugles à cause du diabète !

  • bilans pré et post opératoires ex en neuro chir, le bilan il faudra de plus en plus le faire en externe donc se débrouiller si on peut, avancer les frais…

  • les apnées du sommeil, de plus en plus de gens vont dans le privé ou bien des personnes handicapées vont à Angers. Dans le privé, pour le diagnostic du syndrome d’apnée du sommeil, les consultations ont un coût avec les dépassements d’honoraires. 

Les regroupements conduisent à une sorte d’industrialisation du soin et à sa déshumanisation. Avant dans les services spécialisés, les secrétaires connaissaient les patients et leur pathologie, maintenant que toutes les pathologies sont mélangées tout devient impersonnel.

À Tours il est prévu la fermeture de 3 sites sur 5 :

  • Clocheville, établissement pédiatrique, le seul de la région, est situé au centre-ville , les habitants sont très attachés à l’hôpital pour enfants. Des parents ont déménagé à Tours pour avoir la sécurité pour leurs enfants. Le projet de déménagement sur Bretonneau a suscité des levées de boucliers parce qu’il n’y avait de toute façon pas la place de conserver un hôpital pédiatrique dans son ensemble ; est-ce l’effet des mobilisations ? il est question d’un projet sur Trousseau mais non budgété, il n’y a donc aucune garantie donc nous restons vigilants.es?. Il y a certes besoin de rénovation à Clocheville, mais ce qui est important c’est d’avoir du personnel dédié spécialisé et voulant travailler auprès des enfants. Il y a très peu d’hôpitaux spécifiques pédiatriques en France, et il est important de le conserver. Des habitants de Vierzon nous ont dit qu’ils envoyaient leurs enfants à Clocheville en cas de problème. C’est une sécurité aussi pour les pédiatres qui les envoient là-bas quand ils ont un souci. En attendant, il y a déjà avec les restructurations, des diminutions de lits et des suppressions de postes qui posent déjà problème.

  • L’ Ermitage site magnifique au-dessus de la Loire, qui comprend des lits d’EHPAD et des lits de SSR, Soins de Suite et Réadaptation. Pour l’EHPAD, les personnes âgées devront aller dans le privé ou bien dans une EHPAD très grosse qui est en train de s’agrandir à Joué, quelle humanité trouve –ton dans les concentrations ? après les usines à « bébés » les usines à « personnes âgées »

  • La clinique psychiatrique universitaire : alors qu’il manque de lits de psychiatrie. Des malades ne sont pas hospitalisés alors qu’ils en ont besoin par manque de lits actuellement. Malgré cela il y a des suppressions de lits pour une raison ou une autre, ex pour agrandir des chambres d’isolement. Il est prévu aussi de regrouper toutes les psychiatries sur le site de Trousseau.

  • Bien sûr ces restructurations se font avec suppressions de postes et de lits.

Nous avons ensuite illustré les conséquences de ces restructurations qui sont en cours d’ici 2026. Il y aura une deuxième étape d’ici 2040 en regroupant tout sur Trousseau.

L’Ambulatoire à tout prix et la suppression de lits  ont des conséquences pour la qualité des soins des usagers en particulier pour les plus en difficulté.

Les « hospitels » actuellement des hôtels ibis avec lesquels l’hôpital a signé des conventions ne peuvent pas remplacer les lits d’hôpitaux. Pour l’instant la nuitée est prise en charge par l’hôpital, mais il y a fort à parier qu’ensuite ce sont les malades qui devront payer ou les mutuelles dont les tarifs vont augmenter. Dans ces hôtels vous ne pouvez pas avoir la surveillance et les soins que vous avez à l’hôpital.

Les files d’attente aux urgences font régulièrement la une de l’actualité avec malheureusement des cas très graves qui montrent la difficulté dans laquelle sont les soignants pour accueillir les gens correctement par manque de moyens en personnel et en lits d’aval pour les hospitaliser après ; il y a régulièrement des grèves du personnel pour tirer la sonnette d’alarme, mais il a fallu qu’il y ait le décès de 2 personnes âgées en mai dernier en salle d’attente sans avoir eu le temps d’être pris en charge pour que le problème soit posé, ce qui n’empêche pas la direction de continuer à supprimer des lits selon les préconisations du ministère qui veut augmenter la prise en charge ambulatoire.

Les conséquences c’est  le retour à domicile trop tôt à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit parce qu’il n’y a plus de lits sans s’occuper qu’ils sont seuls ou que leur conjoint soit âgé ou bien ceux qu’on envoie aux urgences parce que ce n’est plus possible à domicile et qui attendent des heures sur les brancards, s’il y en a ! Des retours en forçant la main aux familles qui doivent se débrouiller.

Le parc de lits des hôpitaux privés a dépassé le nombre de lits dans le public. En 2016 les clinques privées regroupées dans un consortium régional SISIO représentaient un total de 1650 lits ; En 2017 l’hôpital comptait 1638 lits. La capacité du CHU évoluera au terme du projet, de 1669 lits et 326 places à 1303 lits et 356 places. On peut donc dire que le transfert des soins se fait du public vers le privé ou une absence de soins si vous vous trouvez dans un désert médical.

Les femmes ont constaté la dégradation des soins au fur et à mesure des accouchements. Nous avons donné des témoignages recueillis auprès d’ adhérentes du collectif santé.

Les robots ne remplaceront pas l’humain, nous avons insisté que nous voulions un hôpital humain.

Autres problèmes pour les usagers, les dépassements d’honoraires à l’hôpital : ophtalmo, anesthésistes ou chirurgiens : un patient a dû signer un papier comme quoi il acceptait les dépassements d’honoraire avant d’être opéré pour un cancer du poumon.

Nous avons terminé par la question de la prise en charge des personnes sans papiers ou sans couverture sociale qui ne sont pas toujours acceptées ; tout le monde doit avoir accès aux soins avec ou sans papiers.

Cette rencontre a eu lieu suite à une mobilisation vis-à-vis du plan régional de santé et au cours de mobilisations sur toute la région ; nous avons eu le souci de porter les revendications pour l’accès au soin portées par toutes ces mobilisations, le système de soin étant un tout et l’hôpital de Tours amenant des usagers de toute la région, mais comme nous l’avons dit pas au détriment des hôpitaux de proximité de la région.

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