Loi « asile-immigration » : nouvelles mises en danger de la santé des étrangers



Le SMG dénonce l'aggravation des conditions de vie des sans-papiers liée aux multiples refus de séjour, à la négation de leurs droits fondamentaux et à l’exclusion organisée de la part de l'Etat français, condamné à de multiples reprises par la Cour européenne des droits de l'Homme. La politique du gouvernement Macron-Philippe-Collomb ne déroge pas à cette politique :

1) Asile politique : le délai de dépôt d'une demande et du droit au recours après un refus de séjour diminuera, les délibérations se feront par visioconférence et les décisions seront rendues par ordonnances. On rappelle que par une récente loi (mars 2018), les demandeurs-euses ayant été enregistré-e-s dans un autre pays européen (« dublinés ») peuvent être en mis rétention administrative1.

2) Enfermement : la durée d'enfermement des sans-papiers en rétention administrative ou en zone d'attente d'aéroports pourra être augmentée de 45 à 90 jours et même au-delà, en métropole et surtout en Outre-mer (notamment à Mayotte), y compris pour les enfants, ce qui est contraire à la Convention internationale des droits de l'enfant (art. 3-1).

3) Entraves au droit à la santé : le droit au séjour pour soins est de plus en plus restrictif, les patient.es étant refoulé.es lorsque des traitements existent dans leur pays d’origine, même s’ils ne sont pas accessibles financièrement, et va diminuer encore avec la réduction du délai de dépôt de recours. Des personnes très malades sont placées en camps de rétention et pourront y rester plus longtemps (jusqu’à 135 jours) si elles demandent une protection pour raison de santé, en attendant le rapport du médecin et la décision de l’OFII.

4) Non accès à la justice et au droit : le pouvoir policier est renforcé au détriment du pouvoir judiciaire, la police intervient dans les centres d'hébergement d'urgence (circulaire, 12/12/2017), les campements de fortune sont démantelés, les arrestations massives, les sans-papiers refoulé.es aux frontières, notamment en Italie2, des malades sont expulsé.es, l'égalité d'accès à la justice recule chaque jour. De plus, la gestion des droits sociaux (hébergement, allocations temporaire d’attente, aides sociales, prestations familiales…) sera déléguée au CESEDA3 plutôt qu’à l’action sociale : ceci met fin au droit commun pour les personnes étrangères.

5) Criminalisation des défenseurs des droits humains : le délit d'aide à l'entrée irrégulière de personnes étrangères ou « délit de solidarité » (art. L. 622-1 du Ceseda) continue d’être appliqué avec des gardes à vue et la chasse aux personnes et associations solidaires des étrangers qui arrivent en France au péril de leur vie.

Le SMG exige la fin de la chasse aux sans-papiers et de leurs défenseurs, l'extension du droit d'asile, des moyens supplémentaires pour l'OFPRA4, la facilitation de l'accès à la justice et aux droits sociaux et leur extension pour toutes et tous (droits au travail, au logement, à l'alimentation, à l'eau potable, à la sécurité) dans le cadre du droit commun, seul garant d’égalité.

Le droit aux soins de santé des sans-papiers doit relever de la Sécurité sociale au sein d'un régime général unifié, et non du ministère de l'Intérieur : en ce sens, l'OFII5, organisme de contrôle social des sans-papiers où la médecine est au service de ce contrôle et non des droits, doit être relevé de la fonction d’évaluation des besoins de santé des étrangers qui doit incomber au ministère de la Santé. Les « tests d'âge osseux » pour évaluer le statut des mineurs, infondés scientifiquement, doivent être abandonnés et les étranger.es mineur.es doivent être protégé.es6.

Le SMG exige le renforcement des moyens alloués à la formation professionnelle des travailleur.ses médico-sociaux.ales et à leurs réseaux, partout sur le territoire, basés sur les besoins quotidiens des populations.

Notes
1. Règlement du Parlement et Conseil européens du 26 juin 2013 dit "Dublin III".
2. Une femme nigériane enceinte est morte fin mars 2018 à l'hôpital de Turin, après son abandon par des gendarmes français devant la gare de Bardonecchia, ville frontalière des Alpes italiennes.
3. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile.
4. Office français de protection des réfugiés et apatrides.
5. Office français de l'immigration et de l'intégration qui dépend du Ministère de l'Intérieur.
6. Cette mesure exclut les enfants de toute prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance, avec mise à la rue immédiate, interruption de la scolarité ou de la formation en cours, impossibilité de régularisation sans secours ni protection d'aucune sorte et sans titre de séjour. L'appel "mineurs isolés étrangers : proscrire les tests d'âge osseux" du 17/01/2015 a recueilli plus de 13 000 signatures.

Sources :
- « Fin de la grève à la Cour nationale du Droit d'Asile », L'Humanité, 14/03/2018
- Emilien Urbach, « Immigration : l'emballement répressif fait force de loi et Réfugiés, ce qu'il manque à la loi Collomb sur les migrants », L'Humanité, 03 et 05/04/2018.
- site de l’ODSE : http://www.odse.eu.org/L-ODSE- DENONCE-DES-ATTEINTES

Contacts
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06 32 70 92 37
  Camille Gendry
  06 76 71 39 08
  Martine Lalande
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SANTÉ MENTALE : un plan com de plus

Alors qu’un grand plan de santé a été annoncé par le gouvernement le 11 juin dernier, notre Collectif 37 « Notre Santé en Danger » souhaite alerter sur la situation de la psychiatrie en Indre et Loire.

Non à la fermeture de l’Ermitage ! Oui à un vrai lieu de vie pour les ancien-nes !


Vous êtes usager-ère ou famille d’usager de l’Ermitage. Vous avez  suivi ou participé aux dernières mobilisations dans les hôpitaux et à celle du 30 janvier pour les EHPAD. Elles ont mis en évidence l’ampleur du manque de moyens pour le personnel ainsi que pour les personnes accueillies et mis en avant la nécessité d’avoir de vrais lieux de vie pour les personnes âgées. Avec la restructuration du CHRU de Tours, la fermeture annoncée du site de l’Ermitage ajoute aux inquiétudes actuelles pour les patient-es et les salarié-es. 

Une restructuration contre l’intérêt des salarié-es et des résident-es 

Ce plan prévoit la suppression de 3 des 5 sites actuels : l’Ermitage, la Clinique psychiatrique Universitaire de St Cyr et l’hôpital des enfants de Clocheville.  Ils seraient tous regroupés sur Bretonneau et Trousseau dans un premier temps ; la directrice du CHU expliquait en février 2016 que la vente des actifs de Clocheville et de l’Ermitage permettrait de financer une partie du projet (entre dix et 15 millions). Nul doute que la situation de ces deux sites, l’un en centre ville et l’autre sur les hauteurs de Tours Nord, surplombant la Loire sur le versant Sud, va attiser la convoitise des promoteurs ! 
Seul le service des Soins de Suite et Réadaptation (SSR) serait installé à Bretonneau, mais avec combien de lits en moins ? Que deviendront les résident-es de l’EHPAD qui ne serait plus intégrée au CHRU? 
Ce plan signé par le gouvernement précédent répond à la loi de santé de Marisol Touraine et  aux objectifs de réduction des dépenses de santé du gouvernement actuel. Il se fait en échange de plusieurs centaines de suppressions de postes et de lits. Pour l’instant 250 suppressions de lits sont reconnues par la direction du CHRU. La méthode utilisée est de « traiter » les services les uns après les autres. La  neurochirurgie ciblée dernièrement a fait les feux de l’actualité grâce à la mobilisation de son personnel. La finalisation de ces projets est prévue pour 2026. Ensuite tout sera regroupé sur Trousseau d’ici 2040 s’il n’y a pas de changement de stratégie d’ici là. 
Les mobilisations du personnel, avec les syndicats CGT et SUD ainsi que celle des usager-ères avec le Collectif 37 « Notre santé en danger », relayées par les médias,  ont eu de l’écho dans la population. Face au refus de voir démantelé l’hôpital public au profit du privé et face à la revendication de soigner et d’accueillir dignement les patient-es  et résident-es,  la direction essaye de diviser le personnel et menace ceux et celles qui protestent en s’attaquant aux syndicalistes. C’est pourquoi il est important que les usager-ères soient solidaires des personnels en lutte. 

Le défense de l’Ermitage est l’affaire de tous et toutes 

Les usager-ères, malades et leurs familles  ne peuvent pas attendre passivement la fermeture de l’Ermitage dont ils vont subir les conséquences : éloignement plus important pour les visites, prix plus élevé si les lits sont transférés dans le privé et peut-être difficulté à trouver un nouveau lieu d’accueil, perturbation pour des personnes âgées qui ont du mal à supporter des changements de lieu de vie, du fait de leur âge. 
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Il n’y a pas de fatalité à voir restreindre les soins et les moyens pour les ancien-nes alors que des sommes importantes sont allouées aux plus riches: 101 milliards d’Euros d’allègements fiscaux et parafiscaux entre 2014 et 2017 ont été alloués aux entreprises, profitant surtout aux plus grandes d’entre elles
Nous invitons la population à participer au mouvement de soutien aux EHPAD, à signer la pétition 
et à s’impliquer pour la défense de l’hôpital avec le Collectif 37 « Notre santé en danger »