Requête du CHRU de Tours contre les membres du CHSCT


Le lundi 27 novembre 2017 à 14h, suite à une requête du CHRU de Tours, les membres du CHSCT demandeurs d’expertises dans le cadre de leurs prérogatives (voir notre article du 18 décembre 2017), ont été informés qu’ils et elles devaient comparaitre à 9H30 le mardi 28 novembre 2017 devant le Président du Tribunal de Grande Instance de Tours.

N’ayant pas eu le temps dans les délais impartis de se faire représenter par un avocat, le Président du TGI a accordé aux membres du CHSCTun report de 8 jours.
Voilà ce dont la Direction du CHRU de Tours accuse les représentant-es syndicaux siégeant au CHSCT de l’établissement :
Pour la direction du CHU, l’argument principal pour contester les expertises est que: « les organisations syndicales du CHRU de Tours ne cachent pas leur opposition à la politique publique de l’Etat ( COPERMO ),  c’est au titre de cette opposition que le CHSCT du CHRU de Tours, par la voix des représentants des syndicats SUD, CGT, FO et CFDT systématise le recours à l’expertise pour tout ce qui a trait au COPERMO ». Et qu’ainsi nous instrumentaliserions le code du travail à des fins politiques ! Rien que ça !

Nous, Les membres du CHSCT, sommes donc passé-es au tribunal le mardi 5 décembre 2017.
Pour rappel, le droit à expertise conféré aux CHSCT est régi par les dispositions du Code du Travail. Il en ressort que le CHSCT peut parfaitement avoir recours à un cabinet agréé pour réaliser deux expertises sur les projets de réorganisation des services tels que présentés pour consultation au CHSCT du 16 novembre 2017, ces projets ayant des impacts importants sur la santé et la sécurité des personnels concernés.

Le 6 décembre 2017, le Juge a tranché : L'expertise relative au service d'urologie a été validée, le CHSCT avait donc bien raison et la direction tort. L'expertise relative à la chirurgie ambulatoire a été annulée au motif que le projet était déjà mis en œuvre à la date où le vote de l'expertise a eu lieu et donc plus au stade du projet. Or cette question n’a pas été soulevée lors de l’audience, ni par la partie adverse ni par le juge, ni débattue. De ce fait, le principe du contradictoire n’a pas eu lieu. De plus, c’est une erreur, l’extension de l’ambulatoire est bien un projet qui n’était pas déjà mis en place.
Un pourvoi en cassation est donc possible sur le seul point relatif à l'annulation de l'expertise du projet au sein du service de chirurgie ambulatoire.

A suivre avec les membres du CHSCT.

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témoignage d'une infirmière


témoignage d'une infirmière

La soirée du 20 octobre pour la « défense de l’Hôpital » a été l’occasion de multiples échanges entre usagers et personnels de l’hôpital. Voici le témoignage d’une infirmière lu au cours de la soirée et publié sur le site de la Rotative:

Mesdames, messieurs,
Comme vous le savez le CHU de Tours va être le théâtre d’un vaste plan de restructuration. Notre direction a d’ailleurs largement communiqué sur ce plan : nouveau bâtiment, meilleur accueil pour les patients. Mais sous couvert de modernisation ce sont bien toutes les catégories de personnel qui vont être touchées par un plan social déguisé. Bien sur, il n’y aura pas de licenciement sec mais des départs non remplacés, des contrats non renouvelés et pour la population moins de lits, des délais d’attente plus long pour leur prise en charge.
En tant qu’infirmière, je fais partie du personnel soignant.
Ce métier comme la plupart de mes collègues je l’ai choisi car comme on nous l’a enseigné lors de nos différents cursus, il permet d’appréhender la globalité d’un ou d’une patiente. Les soins, pour en rappeler la définition du Larousse, se sont : « des actes par lesquels on veille au bien être de quelqu’un, des actes thérapeutiques qui visent à la santé de quelqu’un, de son corps » mais aussi «des actes d’hygiène, de cosmétiques qui visent à conserver ou à améliorer l’état de la peau, des ongles, des cheveux..». En l’occurrence, ses soins que nous prodiguons à nos patients sont le cœur de notre métier, ils sont le moyen de conserver voir d'améliorer l’état de santé de nos patients, ils englobent des soins techniques en collaboration avec l’équipe médicale ou relevant de notre rôle propre mais aussi des soins relationnels.
De plus pour la plupart d’entre nous, nous avons choisi d'exercer notre métier au sein du secteur public, pensant éloigner la notion de « merchandising » du soin et par conséquent pouvoir prodiguer des soins sans souci de rentabilité.
Aujourd’hui nous avons bien compris que l’hôpital outre sa fonction de service public doit aussi se comporter comme une entreprise générant des profits et afin de recueillir ses dits profits, il faut rentabiliser la prise en charge non plus des patients et patientes mais des clients et clientes. Et nous comprenons bien que pour des gestionnaires, écouter, tenir une main, rassurer, parfois essuyer des larmes et même accompagner les derniers souffles ne rapportent n'en d’un point de vue financier. Mais pour nous, tout cela c’est notre quotidien.
Aujourd’hui les restructurations que l’on veut nous imposer, attaquent le cœur de notre métier, elles remettent en cause nos valeurs, ces valeurs qui font que pour satisfaire nos patients, nous sommes capables de sacrifier nos repos pour remplacer un collègue absent, de ne pas manger ou boire, tout cela, c’est un comble, au détriment de notre propre santé.
On nous demande d'être toujours plus efficaces, toujours plus rapides ou mieux organisés. Mais certains soins demandent du temps. L’exécution d’une toilette de patient alité est, selon les protocoles de soins, estimé entre 45 et 60 minutes. Faute de personnel suffisant, nous n’aurons plus le temps d'effectuer ce soin correctement entraînant un risque pour l’état cutané de nos patients, un risque d'augmentation des infections nosocomiales.
On nous demande de ne plus changer les draps aussi souvent, qui accepterait de se reposer dans des draps souillés?
Par la diminution au sein de nos effectifs, on nous contraint à effectuer plus de tâches sur notre temps de vacation au risque pour nous de devenir maltraitants, au risque de commettre des erreurs mettant en jeu la santé de nos patients, mettant en jeu notre diplôme.
Ce manque de temps à accorder à nos patients entraînera indéniablement une augmentation de leur angoisse, de leur agressivité ainsi que celle de leur famille mettant en difficulté voir en insécurité nos collègues. Comment assurer une éducation thérapeutique de qualité à nos patients en courant d'une chambre à l’autre?
Comment encadrer les personnels de demain, quand nous même, vous nous obligez par manque de temps, manque de moyens, manque d’effectifs à ne plus respecter scrupuleusement les protocoles de soins et d’hygiène.
Toutes ces interrogations sont pour nous source de stress, de malaise, de mal-être, d’insécurité au sein de notre travail. Nous nous soucions de la qualité de prise en charge de nos patients, nous demandons droit à travailler dans de bonnes conditions et en sécurité. Et pour cela, nous demandons des moyens humains pour le faire.
Nous ne pouvons pas accepter de faire «payer» à nos patients des politiques de santé qui mènent à la deshumanisation de l’hôpital, nous ne pouvons pas accepter de devenir seulement des techniciens du soin. Nous vous réclamons le droit de pouvoir rentrer chez nous en se disant nous avons fait notre travail correctement, tout simplement nous vous réclamons le droit d’être fier d'être des soignants.