« Ma Santé 2022 » : la fin de l’accès aux soins de proximité

Lure le 12 Octobre 2018

« MA SANTÉ 2022 » : LA FIN DE L’ACCÈS AUX SOINS DE PROXIMITÉ

 

 

La Coordination, réunie lors de sa 30 ième rencontre nationale à Luçon, a analysé les annonces du plan « Ma santé 2022 » présenté par le Président de la République le 18 septembre dernier.

Nous dénonçons l’approche qui consiste à renvoyer les problématiques prégnantes de notre système de santé sur sa mauvaise organisation et à nier le sous-financement chronique dont il souffre depuis des années, en particulier à l’hôpital et dans les EHPADs, avec entre autres un manque cruel de personnels.

C’est d’autant plus scandaleux que de nouvelles restrictions budgétaires sont annoncées à hauteur de 3,8 milliards d’euros

Nous prenons acte positivement de la suppression du numerus clausus, proposition que nous portions officiellement depuis 2006 et plus récemment au travers de notre pétition nationale « Stop à la catastrophe sanitaire annoncée, exigeons l’accès aux soins pour toutes et tous » *. Cependant, cette seule annonce ne suffira pas à régler la question de la démographie médicale et des déserts médicaux qui en découlent.

En effet, il n’a été défini ni d’objectifs quantitatifs (combien de médecins par an), ni les moyens nécessaires aux universités pour accueillir d’avantage d’étudiants. Par ailleurs il n’est pas fait mention d’une évaluation des besoins sur les territoires. Ces mesures, au mieux, apporteraient une réponse dans une dizaine d’années, temps de formation d’un médecin.

Concernant l’hôpital public, avec l’annonce de la refonte en trois niveaux d’hospitalisation, c’est la poursuite et l’accélération des restructurations : de 250 à 350 hôpitaux supplémentaires verraient la fermeture de leur maternité, leur chirurgie, leur service de spécialités, leur service d’urgences, leur radiologie et deviendraient des hôpitaux de proximité « coquille vide ». Il y a donc tromperie dans le discours gouvernemental sur les structures de proximité.

L’ouverture des groupements hospitaliers de territoire au secteur privé se traduira par une privatisation de pans entiers d’activité. A terme, on peut craindre que la notion même d’hôpital public et de ses missions disparaissent au profit d’un modèle semblable à celui des États Unis.

L’e-médecine, outil qui devrait permettre une mise en relation des professionnels, un complément dans leurs pratiques, n’est vu que comme un moyen de les remplacer.

La relation dans le « prendre » soin des patients est totalement absente des objectifs de ce plan de santé.

S’agissant des EHPAD et de la perte d’autonomie, ils ne sont qu’à peine évoqués, alors qu’il manque des dizaines de milliers de postes.

La Psychiatrie, sinistrée perd de plus en plus sa spécificité.

En conclusion, face aux alarmes lancées depuis des mois dans le secteur de la santé, le gouvernement n’entend pas et poursuit dans la même voie : politique d’austérité et réductions des dépenses publiques, fermetures de services et suppressions de postes de soignants, glissement de la prise en charge par l’assurance maladie vers les complémentaires…

La Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité demande l’arrêt des fermetures et restructurations des établissements de santé publics de proximité et exige le retour à un maillage territorial égalitaire permettant de répondre aux besoins des populations partout :

  • Multiplication des centres de santé, structures publiques plutôt que les maisons de santé, structures privées.
  • Maintien et extension des sites hospitaliers de proximité avec services d’urgence et SMUR, Chirurgie, Médecine, Maternité, radiologie et Laboratoire, le partenariat avec des établissements de niveau supérieur quand la prise en charge le nécessite.
  • La définition du nombre de généralistes et de spécialistes en fonction des besoins des territoires.
  • La remise en question de la liberté d’installation, une régulation assurant leur répartition en fonction des besoins, tant en ville qu’à l’hôpital.
  • Des moyens pour une politique de santé répondant aux besoins de toutes et tous, avec uneSécurité Sociale ayant pour objectif le 100%, de la prévention à la dépendance, en passantpar le soin et l’éducation thérapeutique, indépendante et gérée de façon démocratique.
  • Suppression des exonérations de cotisations sociales patronales et reversement des excédents budgétaires de la Sécu à l’Hôpital public et aux EHPADs à but non lucratif.

 

 

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ste Maure, l’EHPAD des Sablonnières en danger

Jeudi 9 mars 2023, la CGT appelait à participer à la manifestation organisée contre la fermeture probable de l’EHPAD publique « les Sablonnières » à Sainte Maure. Le collectif santé a participé à cette initiative, ainsi que quelques résidents et familles et des représentants du syndicat Sud qui soutenait l’action. Une cinquantaine de personnes se sont donc rendues en cortège de la Sablonnière jusqu’au Pôle Santé Sud, où une délégation a été reçue par la direction.

L’EHPAD a été construite en 1969, avec plus de 80 places. 2 résidents souffrant de troubles psychiques  y ont été accueillis avant même leur majorité, et d’autres ont moins de 60 ans. Il est situé sur la hauteur à l’entrée nord du bourg, le nombre de résidents est descendu à 67 dans les dernières années, pour n’être plus que de 34 aujourd’hui. Au fur et à mesure des départs, la direction ne fait pas de nouvelles entrées. Les résidents ont été transférés petit à petit vers le « Pôle santé sud de la ville »  qui comprend un Ehpad, (254 résidents et rempli))avec un PASA (Pôle d’Activités et de Soins Adaptés), un service de Médecine (14 lits) ainsi qu’un Service de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD) pour 91 places. Une Unité pour Personnes Agées Désorientées (UPAD) est également située à côté des Sablonnières. Les salariées s’interrogent également sur l’avenir de cette unité si les Sablonnières ferment, car ils ne disposent pas  d’alimentation électrique autonome par exemple.

Le personnel a lui aussi été réduit (non remplacement des départs en retraite et des congés, rappel à domicile) et il est question de supprimer 14 postes d’ASH. Pour le personnel, c’est clair,  l’objectif de la direction du Pôle santé Sud et de l’ARS est de fermer les Sablonnières, même si ils se refusent à en parler clairement, laissant ainsi s’installer un climat délétère d’insécurité tant pour les agent.es que pour les résident.es. Rien n’est prévu pour les lits actuels qui sont donc autant de places d’accueil en moins ! L’ARS met en avant un déficit chronique de 560 000€ en 2022 (sur un budget total de 14 millions), et la vétusté des locaux (qui n’ont jamais fait l’objet d’aucune rénovation) et s’orienterait vers du maintien à domicile.

La CGT demande la réhabilitation du bâtiment des Sablonnières, ou la mise en œuvre du projet d’extension du pôle santé sud, projet abandonné pour des raisons budgétaires, ainsi que l’embauche de personnel, la revalorisation des salaires et le paiement des heures supplémentaires effectuées. Elle n’oublie pas de s’opposer à l’actuel projet de réforme des retraites et demander la reconnaissance de la pénibilité des métiers du soin.

Ici comme ailleurs dans le domaine de la santé il s’agit encore de faire des économies, de concentrer et regrouper et bien sûr de faire du maintien à domicile à tout prix. Il y aura sans doute d’autres initiatives pour soutenir les salarié.es, les résident.es et leurs familles.

Collectif 37 Notre santé en danger
collectifsante37@gmail.com

T2A : à l'hôpital public, une situation "intenable" pour les soignants


La tarification à l'activité, ou T2A, a des effets délétères qui sont, en ce moment, au coeur de toutes les discussions sur l'hôpital.

Voici un article de Marianne.fr qui explique, à travers plusieurs témoignages, pourquoi cette tarification à l'activité a dégradé le fonctionnement de notre système de santé.


Cet article est signé Patricia Nevez et date du 15/04/2017.
Il complète notre publication du 29 octobre à ce sujet.



T2A : à l'hôpital public, une situation "intenable" pour les soignants