Un appel de la maternité de Chinon

Nous publions cette lettre que nous avons reçue de l'équipe de la maternité de Chinon.

Le collectif 37 Notre santé en danger soutient l'appel des syndicats de l’hôpital pour le rassemblement à 10h30, le 4 juin, devant la mairie de Chinon.

Madame, Monsieur,

Nous vous écrivons aujourd'hui pour attirer votre attention concernant la situation actuelle à la Maternité de Chinon. 

Et effet, depuis 19 Mai 2022, le service des urgences du centre hospitalier de Chinon est fermé. Depuis cette même date, les accouchement et l'accueil d'urgence de sont plus assurés à la maternité car le fonctionnement du bloc opératoire pour la réalisation des césariennes n’est rendu possible qu’avec la mobilisation de l’équipe soignante des urgences. Ainsi, deux services fondamentaux pour la santé de la population du territoire sont fermés. Cette situation exceptionnelle dont l’impact est majeur pour la population que vous représentez est le résultat de la dégradation toute aussi exceptionnelle des conditions de travail que nous rencontrons depuis plusieurs mois et sur lesquelles nous avons alerté notre direction, sans résultat.

En effet, la décision de non remplacement des professionnels des urgences en arrêt maladie fait peser une charge considérable sur les épaules des professionnels en poste. Ceux-ci sont dans l’obligation de pallier l’absence des collègues qui ne sont plus en capacité d’assurer leurs missions dans un tel cadre dégradé. A ce jour 1 seule infirmière s’estime en capacité d’assurer ses missions. Les autres membres de l’équipe se trouvent en situation d’arrêt maladie. Cette spirale dangereuse est à l’origine de cette situation exceptionnelle. Cette situation montre la difficulté structurelle de cette organisation guidée par le choix du non remplacement des agents en situation d’arrêt maladie qui ne peut plus fonctionner ainsi.

En ce qui concerne la maternité, la suspension des accouchements et des consultations en urgence altère d’ores et déjà son équilibre. Plusieurs dizaines de femmes et de couples ont été réorientés vers des établissements éloignés de leur domicile et ne répondant pas aux attentes de la population. Au surplus, ces établissements déjà en forte tension n’ont pas les capacités de les accueillir dans de bonnes conditions au regard de l’augmentation de la charge que représente ces transferts.

La fermeture de ces deux services essentiels pour l’accès aux soins urgents laisse démunie la population déjà largement en difficulté en ce qui concerne l’accès aux soins non urgents en raison de la démographie médicale en souffrance sur le territoire.

Cette situation dégradée affichée comme temporaire par la direction de l’établissement fait craindre des objectifs de restructuration plus en profondeur qui ne correspondent pas au besoin de la population : fermeture ou restructuration du service des urgences et de la maternité. Le maintien du fonctionnement du service des urgences et de la maternité dans l’ensemble de leurs missions sont des incontournables pour notre territoire sur lesquels la direction de l’établissement et les pouvoirs publics via l’Agence Régionale de Santé Centre-Val de Loire doivent s’engager.

A ce jour, les tentatives de co-construction de solutions avec la direction de l’établissement n’aboutissent pas.

Nous ne nous résoudrons pas à accepter des pertes de chances que cette situation impose à la population, aux patients et aux femmes enceintes que nous accompagnons. C’est ce qui fait le cœur de notre engagement professionnel et le fondement de nos métiers que nous exerçons au quotidien. Le monde d’après la crise sanitaire est pire que le monde d’avant pour de très nombreux établissements et professionnels de santé. Le centre hospitalier de Chinon en souffre particulièrement ce qui est totalement incompréhensible au regard des solutions qui existent et que nous proposons. 

Nous vous remercions d'avance de la considération que vous porterez à notre mail. 

Cordialement, 

L'équipe de la maternité de Chinon

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Ste Maure, l’EHPAD des Sablonnières en danger

Jeudi 9 mars 2023, la CGT appelait à participer à la manifestation organisée contre la fermeture probable de l’EHPAD publique « les Sablonnières » à Sainte Maure. Le collectif santé a participé à cette initiative, ainsi que quelques résidents et familles et des représentants du syndicat Sud qui soutenait l’action. Une cinquantaine de personnes se sont donc rendues en cortège de la Sablonnière jusqu’au Pôle Santé Sud, où une délégation a été reçue par la direction.

L’EHPAD a été construite en 1969, avec plus de 80 places. 2 résidents souffrant de troubles psychiques  y ont été accueillis avant même leur majorité, et d’autres ont moins de 60 ans. Il est situé sur la hauteur à l’entrée nord du bourg, le nombre de résidents est descendu à 67 dans les dernières années, pour n’être plus que de 34 aujourd’hui. Au fur et à mesure des départs, la direction ne fait pas de nouvelles entrées. Les résidents ont été transférés petit à petit vers le « Pôle santé sud de la ville »  qui comprend un Ehpad, (254 résidents et rempli))avec un PASA (Pôle d’Activités et de Soins Adaptés), un service de Médecine (14 lits) ainsi qu’un Service de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD) pour 91 places. Une Unité pour Personnes Agées Désorientées (UPAD) est également située à côté des Sablonnières. Les salariées s’interrogent également sur l’avenir de cette unité si les Sablonnières ferment, car ils ne disposent pas  d’alimentation électrique autonome par exemple.

Le personnel a lui aussi été réduit (non remplacement des départs en retraite et des congés, rappel à domicile) et il est question de supprimer 14 postes d’ASH. Pour le personnel, c’est clair,  l’objectif de la direction du Pôle santé Sud et de l’ARS est de fermer les Sablonnières, même si ils se refusent à en parler clairement, laissant ainsi s’installer un climat délétère d’insécurité tant pour les agent.es que pour les résident.es. Rien n’est prévu pour les lits actuels qui sont donc autant de places d’accueil en moins ! L’ARS met en avant un déficit chronique de 560 000€ en 2022 (sur un budget total de 14 millions), et la vétusté des locaux (qui n’ont jamais fait l’objet d’aucune rénovation) et s’orienterait vers du maintien à domicile.

La CGT demande la réhabilitation du bâtiment des Sablonnières, ou la mise en œuvre du projet d’extension du pôle santé sud, projet abandonné pour des raisons budgétaires, ainsi que l’embauche de personnel, la revalorisation des salaires et le paiement des heures supplémentaires effectuées. Elle n’oublie pas de s’opposer à l’actuel projet de réforme des retraites et demander la reconnaissance de la pénibilité des métiers du soin.

Ici comme ailleurs dans le domaine de la santé il s’agit encore de faire des économies, de concentrer et regrouper et bien sûr de faire du maintien à domicile à tout prix. Il y aura sans doute d’autres initiatives pour soutenir les salarié.es, les résident.es et leurs familles.

Collectif 37 Notre santé en danger
collectifsante37@gmail.com

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