Ils nous soignent nous ou notre famille, soutenons-les !

La 2ème vague d’épidémie est descendante et l’on se prend à espérer enfin souffler pour reprendre une vie sociale et familiale, sortir du confinement et de ses coercitions insupportables. Mais en même temps, nous nous inquiétons de l’insuffisance de prise en compte des personnes âgées, et des personnes qui les soignent comme si elles étaient quantité négligeable. C’est un phénomène qui date de dizaines d’années et qui apparaît plus évident pendant cette crise.

Dans cette deuxième vague, les patients reçus en réanimation sont plus jeunes, 50 - 60 ans, ce qui n’empêche pas ces services d’être en tension par manque de personnel formé. La période entre les 2 pics n’a pas permis de former des personnels pour la réanimation parce que les effectifs étaient tendus pendant les vacances avec aussi la nécessité de rattraper le temps perdu pour les soins qui ont été reportés.

La réanimation n’est pas adaptée pour les personnes âgées, nous dit-on, c’est un argument qui peut s’entendre mais alors qu’on donne les moyens à ces lieux de vie de les soigner et non de mettre en difficulté le personnel en lui demandant de faire l’impossible. Que ce soit pour leur donner une chance de passer le cap ou de les accompagner dans leurs derniers moments, il faut du personnel qualifié et qui ne passe pas son temps à courir ! 

Dans notre département, de nombreux EHPAD ont été touchés notamment les plus gros : Puygibault à Loches (144 résidents positifs sur 207) a eu 23 décès, la résidence Debrou à Joué les Tours (32 cas le 16 novembre sur 234 résidents) a eu 9 décès, la Maison de Beaune à Ballan a eu 65 patients positifs sur 116 résidents et 13 décès sans compter les soignants dont un certain nombre ont été atteints par la maladie, à la Vasselière à Monts 29 résidents positifs sur 120 et 5 décès .

Certains facteurs structurels favorisent l’ampleur de cette crise et de la contamination comme l’augmentation de la taille des établissements pour économiser sur les coûts qui favorise la concentration.

Autre facteur favorisant, les quotas de personnel scandaleusement insuffisants par rapport aux patients, dénoncés depuis plusieurs années. Ils sont tels qu’après un gros effort avec la première vague, le personnel n’en peut plus et fuit les métiers du soin, les écoles ont du mal à recruter.

Le manque de personnel pérenne amène un turn-over d’intérimaires ou de personnels de tous bords et pas forcément avec la qualification adéquate. Les agences d’intérim n’ont jamais été autant sollicitées. Les personnels appelés à la rescousse viennent de tous les horizons, intérim, élèves, autres services et pas forcément avec la formation adéquate. Pour y pallier, la DGOS Direction Générale des Soins en octobre a proposé une formation d’aide-soignant "en 15 jours" pour toute personne non-soignante qui le désirerait pour combler les trous… ce qui a fait bondir les professionnel.les

Avec la pénurie, les personnels positifs asymptomatiques ont pu être encouragés à venir travailler. Les jours de carence pour maladie ont été remis depuis le 18 juillet, encourageant à venir travailler même avec de petits signes.

Que ce soit dans les EHPAD ou à l’hôpital, la vision à court-terme empêche de prendre en charge une telle crise sanitaire. Il est impossible de favoriser une politique libérale et de prévoir en même temps des services publics avec des moyens pérennes en lits et en personnel pour les éventuelles crises. Non, il faut toujours éviter les coûts dits superflus pour permettre de rentabiliser et de faire du profit. Les conséquences humaines et économiques ne peuvent être anticipées dans un système qui ne voit qu’en terme de coûts et profits.

La crise de COVID n’a fait qu’accélérer des problèmes qui existaient et les fonds mis pendant la pandémie ne servent pas à inverser la tendance. Les mesures du SEGUR en termes de revalorisation salariale ne suffisent pas pour empêcher la fuite des professionnels du soin.

Nous n’acceptons pas qu’une partie de la population soit délaissée et le personnel avec. Il est urgent de reconsidérer la prise en charge des personnes âgées en mettant des moyens pérennes et de respecter le personnel qui s’en occupe, en EHPAD, à domicile, à l’hôpital.

Nous soutenons la demande des personnels pour une revalorisation salariale qui permettrait aussi de faciliter les recrutements.

Un rassemblement aura lieu le jeudi 3 décembre à 15h,
devant la préfecture, pour réclamer les 183 € de revalorisation pour les exclus du Ségur dans le social et médico-social, les soins à domicile.
Nous appelons la population à venir les soutenir.
Ils nous soignent nous ou notre famille, soutenons-les !

Collectif 37 Notre santé en danger le 2 décembre 2020

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Journée de soutien aux personnels du service de neurochirurgie du CHU de Tours en grève depuis le 28 décembre

Nous étions présents vendredi 5 janvier, avec d'autres usagers, pour répondre à l’appel des personnels en grève qui se sont montrés très sensibles à ces marques de soutien!
Nous avons fait signer, à des usagers en colère comme nous, une pétition pour défendre notre hôpital car la fermeture de "hôpital de semaine de neurochirurgie" n'est qu'une première phase du plan COPERMO qui prévoit de supprimer 400 lits et 400 postes , Et certains services comme la cardiologie ont déjà fait l'objet de restructuration.
C’est tous ensemble que nous devons défendre notre hôpital


Soirée débat du 9 février au CNP sur la souffrance au travail

Le 9 février le collectif 37 Notre Santé en Danger s’est associé à une soirée débat initiée par ASDPRO, Association Souffrance et Dépression Professionnelle, sur la souffrance au travail. Dans le cadre du CNP, la soirée débutait par la projection du film : « Souffrance au travail, On lâche rien ! » de Daniel KUPFERSTEIN (2022). Pascale ABDESSAMAD, syndicaliste, secrétaire d'ASDPRO, partie civile au procès France Télécom était l’intervenante. Cette association aide les personnes, les organisations syndicales, qui veulent faire reconnaître les suicides et les dépressions des salariés en accident du travail et/ou en maladie professionnelle. Elle est née à Tours à l’initiative du médecin du travail de la centrale nucléaire de Chinon, Dominique HUEZ, qui s’était battu pour faire reconnaître le suicide d’un salarié en Accident du Travail.