Soirée débat : Quel avenir pour l’hôpital ?

NewImage Le 20 décembre, le Collectif 37 notre Santé en Danger présenté son film « Clocheville à vendre ? », dans le cadre d’une soirée débat, « Quel avenir pour l’hôpital ? », organisée au cinéma les « Studio » de Tours.

140 personnes s'étaient déplacées, un succès pour une période très proche des fêtes.

NewImageLe débat était animé par la présidente du collectif Notre Santé en Danger et une infirmière de SUD du CHU dont il faut souligner le courage vu les menaces de la direction du CHU à l’encontre des salariés et syndicats pour qu’ils ne s’expriment pas publiquement sur les dangers concernant les plans de restructuration de l’hôpital.

La soirée a débuté par la présentation du film « Clocheville à vendre ? », réalisé par Sans Canal Fixe, avec des témoignages d’infirmière, d’usagères, des explications de membres du collectif santé et des passages sur les mobilisations qui ont eu lieu. Le film se termine par des manifestations pour la défense des services publics.

DSCFinalCe film fut une bonne introduction au débat : animé et contradictoire, car d’anciens médecins de Clocheville à la retraite ont défendu le fait qu’il fallait que l’hôpital Clocheville déménage pour être modernisé et accéder à la technologie de pointe. Leurs arguments : bâtiments très anciens, risque sanitaire, d’hygiène, chambres non adaptées, pas de parking et éloignement du plateau technique des adultes pour y accéder. Ils reprenaient ainsi le discours de la direction, soutenant que le projet n’était pas une dislocation de Clocheville, que ce serait un bâtiment entier pour la pédiatrie ou ça ne serait pas. Ils ont fait remarquer que cette décision qui aurait dû être prise depuis 25 ans ne l’avait pas été par peur de la réaction épidermique des Tourangeaux pour leur hôpital pédiatrique. Ils ont également insisté sur le fait qu’il ne fallait pas se tromper de combat et que l’hôpital devait évoluer, avancer sur l’ambulatoire, les nouvelles technologies… .

Mais pourquoi ne pas vouloir rénover Clocheville ?

Un journaliste a rappelé l’attachement de la population qui s’est manifesté lors de la création de la maison des parents : 8 millions d’euros ont été recueillis (pièces jaunes), dépassant de loin les 5 millions requis pour l’ouverture. Il se demandait ce que deviendrait cette maison des parents en cas de fermeture de Clocheville.

La fermeture du site de Clocheville a été inscrite dans le contexte global d’économies pour la santé qui favorise en même temps le privé lucratif.

IMG 5359  2 JPGLe collectif santé avait exposé des panneaux à l’entrée montrant la mainmise grandissante de grands groupes financiers comme Ramsay Générale de Santé, Orpea, Korian sur les cliniques ou les EHPAD. Leurs objectifs n’ont rien à voir avec les besoins en santé mais plutôt avec les dividendes de leurs actionaires. Ils gagnent du terrain quand les hôpitaux publics sont démantelés. Ils ne vont pas s’installer dans les régions désertées par les services publics mais dans les grandes villes pour faire du chiffre.

Pour l’illustrer, nous avons lu une lettre du comité de défense de la maternité du Blanc, « Cpas demain la veille », qui continue à se battre contre la fermeture de la maternité.

Dans le plan de financement de la Sécurité Sociale, l’enveloppe donnée par l’ONDAM augmentera de 2, 5% l’an prochain au lieu des 4, 5% nécessaires pour couvrir juste l’inflation médicale ; c’est donc 5,7 milliards d’économie demandés pour l’assurance maladie dont 1 milliard pour les hôpitaux.

Fin juin 2018, une dépêche de l’AFP reprise par Mediapart annonçait que l’État pourrait récupérer jusqu’à 24 milliards d’€ d’excédents de la sécurité sociale en 2022. Après un déficit de 5,1 milliards en 2017 son solde serait de – de 300 millions en 2018… mais à quel prix pour les usagers et les professionnels de la santé ?

79B5B46D 4590 4579 AD33 6553BD490DEFDes témoignages sur Clocheville ont montré l’importance de cette lutte, confirmant ceux du film : il n’y a pas que les soins techniques qui comptent, il y a également l’action de toute une équipe avec une mise en commun des compétences pour accompagner l’enfant et sa famille et il faut une prise en charge globale et non pas une succession d’actes déconnectés les uns des autres. La volonté des professionnels de ne pas être polyvalents entre enfants et adultes s’explique par un besoin de compétence spécifique mais aussi par une sensibilité pour les soins aux enfants.

Il a été aussi question de l’ensemble du plan de restructuration de l’hôpital avec la fermeture de l’Ermitage et de la Clinique Psychiatrique Universitaire avec suppression de 27 lits alors qu’il manque déjà des lits en psychiatrie qui ne permettent pas d’accueillir tous les patients en crise qui le nécessitent, ce qui peut s’avérer dramatique.
D’autre part, que vont devenir les 96 résidents de l’EHPAD médicalisée de l’Ermitage?

Les suppressions de lits et de postes se font services par services et en plusieurs étapes pour aboutir à une suppression de 350 lits avant l'ouverture du Nouveau Trousseau : pour l'heure, 73 lits ont été fermés en 2018 et il reste encore 60 lits à supprimer pour atteindre l'objectif de 133 lits avant fin 2019, et obtenir le début du financement prévu par le plan COPERMO.

Les conséquences des premières fermetures amènent des situations difficiles pour les patients : parfois ils sont mis dans des services non adéquats ou bien comme en orthopédie, des lits peuvent être installés dans un bureau ou une salle d’attente.

L’« Hospitel » mis en place par convention avec des hôtels pour remplacer l’hospitalisation la veille ou le soir d’une intervention ne permettra pas de calmer les angoisses du patient seul dans sa chambre d’hôtel avant d’être opéré ni d’être surveillé après.

Une usagère du collectif santé a pu constater la dégradation de la prise en charge hospitalière en 10 ans. Est-ce normal qu’un médecin doive se justifier auprès de l’administration s’il garde un patient un jour de plus que prévu par le protocole ?

Le déplacement des soins vers le privé a des conséquences : au Vinci (pôle santé privé de Tours) on vous présente à l’arrivée la feuille des dépassements d’honoraire des médecins !

A la fin de la soirée un appel a été lancé pour élargir la campagne d'information.

Pour cela on pourra utiliser le film qui sera bientôt en accès libre et en attendant, il est toujours possible de contribuer à son financement (il manque à ce jour 1000 € sur 5200) La campagne de financement participatif sur le site d’Hello Asso se poursuit jusqu’au 6 janvier.

Il est aussi possible de rejoindre le collectif santé, la prochaine réunion aura lieu le 14 janvier à 18 h dans une salle du passage Chabrier à St Pierre des Corps.

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De quelle société voulons nous ?
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  • Une enfance en danger, puisque les enfants ne sont pas pris en charge.
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Tout l'équilibre et le lien social que le travail social permet de maintenir est en train de s'effondrer !

Rappelons également que 90% des travailleuses sociales sont des femmes qui ne sont pas valorisées pour leurs compétences professionnelles, puisque ce système patriarcal considère que c'est un travail "inné" chez les femmes...

Le social se bat pour tout le monde!
Et tout le monde se bat pour le social!

Une travailleuse sociale et une AESH.

Intervention du Collectif Santé
Collectif 37 Notre santé en danger
collectifsante37@gmail.com