Plus nous vaccinerons, moins nous laisserons de place au virus, OUI MAIS...

Communiqué de la Coordination Nationale

Lure le 20 juillet 2021

« PLUS NOUS VACCINERONS, MOINS NOUS LAISSERONS DE PLACE AU VIRUS »,
OUI MAIS…

Par son allocution du 12 juillet, le Président de la République, omnipotent et omniscient, a fait connaître aux Français les décisions prises dans le secret d'un conseil scientifique désigné par lui, mais a aussi justifié et vanté sa politique présente et à venir dans la moitié de son intervention.

Tout d'abord en matière de santé et de lutte contre la pandémie de COVID 19, ses paroles expriment une large part d'autosatisfaction en faisant état de « la maîtrise de l'épidémie », de la « réouverture progressive et réussie », d'un « plan de vaccination inédit », ou quand est mis en avant que « la France a largement préservé l'instruction » et « a fait le maximum pour l'avenir de nos enfants et de notre jeunesse ». Non seulement tout cela est plus que discutable, mais c'est aussi oublier bien vite les pénuries de masques, de vaccins et de tests au début de la pandémie, c'est oublier les valses-hésitations et les décisions contradictoires et c'est enfin avoir ignoré les avis d'épidémiologistes qui estiment que l'allègement récent des mesures-barrières était prématuré (on l'a vu récemment dans les Landes, on le voit aujourd'hui dans les Pyrénées-Orientales, sans parler de la Réunion ou de la Martinique!).

Le président affirme avoir recherché un équilibre entre la protection et la liberté. Mais dans la pratique, il a en fait géré un équilibre entre les raisons économiques d'une part et les soins médicaux et la lutte contre la pandémie d'autre part, en penchant essentiellement du côté de l'économie.

Certes, il est indiscutable que « plus nous vaccinerons, moins nous laisserons d'espace au virus pour se diffuser, plus nous éviterons les hospitalisations. Et plus nous éviterons d'autres mutations du virus plus dangereuses encore ». Mais nous ne pouvons accepter l'obligation de vaccination pour les seuls personnels soignants, sans attendre et sous menace de sanction, alors que le président a annoncé à la fin de l'année dernière que le vaccin ne serait pas obligatoire. Nous nous élevons contre sa politique méprisante envers les personnels soignants. Après avoir brièvement salué « leur engagement exceptionnel», il leur fait ensuite la morale en en appelant « au sens du devoir », avant d'évoquer des sanctions pour les désobéissants. Mais toujours aucune réponse aux revendications des soignants exprimées depuis plus de deux ans , rien sur la création de postes et sur l'attribution de moyens supplémentaires, aucune parole sur l'épuisement des soignants maintenant menacés de sanctions (ce qui ne peut qu'augmenter les départs de personnels excédés), aucun mot de la situation catastrophique des hôpitaux où continuent les suppressions de postes, les fermetures de lits par restructuration ou manque de personnels et les fermetures de services, notamment les services de SMUR fortement affectés cette année. C’est cette situation des hôpitaux et du système de santé, qui, au moins partiellement, rend nécessaire les mesures-barrières contre le coronavirus, de plus en plus mal supportées par la population. Et puis les sanctions prévues -ne plus pouvoir exercer et ne plus plus être payé- sont exorbitantes et insultantes, dans la mesure où elles ne respectent pas les soignants en tant que personnes et en tant que salariés, tout en refusant de se remettre en cause.

Le président a beau affirmé que « la science nous offre les moyens de nous protéger », la France n'a pas mis au point de vaccin et n'en produit pas et la patrie de Pasteur, une des grandes puissances mondiales, est obligé d'importer des vaccins, sans que que l'on en connaisse leur prix (payés par l'Union européenne) et les conditions de leur importation. Il est fait état de 9 millions de doses pour poursuivre les vaccinations, mais il en faudra sans doute bien davantage. Non seulement il y a un manque de tests, mais ils vont être rendus payants, ce qui est inacceptable et contradictoire avec une politique de prévention. Une campagne de rappel est évoquée pour les personnes déjà vaccinées ; cette nécessité est discutée et est affirmée quelque peu rapidement. Et la campagne de vaccination reste très largement confiée à des sociétés et opérateurs privés, ce qui est une forme supplémentaire de marchandisation de la santé. Le président parle ensuite de « vacciner le monde, de vacciner partout, pour en finir durablement avec la pandémie ». On ne peut qu'être d'accord avec ce but. Mais rien n'est dit sur la levée des droits sur les brevets pour produire des vaccins au moindre coût et l'enrichissement des sociétés pharmaceutiques n'est pas remis en cause. Il est prévu de « donner aux pays les plus pauvres davantage de vaccins » ; cette démarche apparaît plus comme une forme de charité, que marquée par une recherche d'équité et de solidarité dans la lutte contre la pandémie, qui doit se faire sur un plan international dans le cadre de l'OMS.

Pour la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur des enjeux. C'est pourquoi nous demandons :

-des moyens humains et matériels accrus pour les hôpitaux publics pour qu'ils puissent faire face efficacement à la pandémie, sans que soient différés des soins ou des opérations pour d'autres affections ;

-la réquisition des établissements privés pour participer à la lutte contre la pandémie ;

-l'organisation des vaccinations par le service public et dans le cadre de celui-ci pour un accès plus facile et pour qu'elles ne soient pas une source de profit pour des sociétés privées ou pour des praticiens libéraux ;

-des moyens réels pour la mise au point d'un vaccin en France et pour le développement de sa production dans le pays, où n’est fait actuellement que du flaconnage;

-la publication du prix d'achat des vaccins aux société productrices et des conditions de passation des marchés, ainsi que leur composition exacte, afin de faire reculer les réticences d’une partie de la population;

-la levée des droits sur les brevets des vaccins, avec un rôle actif et réel de la France dans ce but, au niveau européen, comme au niveau mondial, la mise en commun des technologies et des connaissances, et le développement d’unités de production pour produire des vaccins en quantité suffisante (l’Inde, l’Afrique du Sud et d’autres peuvent le faire; Moderna l’a fait en 6 mois en Suisse) ;

-l'abandon des mesures autoritaires et répressives en matière de vaccination et l'abandon de l'obligation de vaccination pour une partie seulement de la population, ou pour une profession ou un groupe de professions déterminés.

La Coordination Nationale appelle à signer massivement l’Initiative Citoyenne Européenne « Pas de profit sur la pandémie » sur https://noprofitonpandemic.eu/fr/

Le communiqué

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témoignage d'une infirmière


témoignage d'une infirmière

La soirée du 20 octobre pour la « défense de l’Hôpital » a été l’occasion de multiples échanges entre usagers et personnels de l’hôpital. Voici le témoignage d’une infirmière lu au cours de la soirée et publié sur le site de la Rotative:

Mesdames, messieurs,
Comme vous le savez le CHU de Tours va être le théâtre d’un vaste plan de restructuration. Notre direction a d’ailleurs largement communiqué sur ce plan : nouveau bâtiment, meilleur accueil pour les patients. Mais sous couvert de modernisation ce sont bien toutes les catégories de personnel qui vont être touchées par un plan social déguisé. Bien sur, il n’y aura pas de licenciement sec mais des départs non remplacés, des contrats non renouvelés et pour la population moins de lits, des délais d’attente plus long pour leur prise en charge.
En tant qu’infirmière, je fais partie du personnel soignant.
Ce métier comme la plupart de mes collègues je l’ai choisi car comme on nous l’a enseigné lors de nos différents cursus, il permet d’appréhender la globalité d’un ou d’une patiente. Les soins, pour en rappeler la définition du Larousse, se sont : « des actes par lesquels on veille au bien être de quelqu’un, des actes thérapeutiques qui visent à la santé de quelqu’un, de son corps » mais aussi «des actes d’hygiène, de cosmétiques qui visent à conserver ou à améliorer l’état de la peau, des ongles, des cheveux..». En l’occurrence, ses soins que nous prodiguons à nos patients sont le cœur de notre métier, ils sont le moyen de conserver voir d'améliorer l’état de santé de nos patients, ils englobent des soins techniques en collaboration avec l’équipe médicale ou relevant de notre rôle propre mais aussi des soins relationnels.
De plus pour la plupart d’entre nous, nous avons choisi d'exercer notre métier au sein du secteur public, pensant éloigner la notion de « merchandising » du soin et par conséquent pouvoir prodiguer des soins sans souci de rentabilité.
Aujourd’hui nous avons bien compris que l’hôpital outre sa fonction de service public doit aussi se comporter comme une entreprise générant des profits et afin de recueillir ses dits profits, il faut rentabiliser la prise en charge non plus des patients et patientes mais des clients et clientes. Et nous comprenons bien que pour des gestionnaires, écouter, tenir une main, rassurer, parfois essuyer des larmes et même accompagner les derniers souffles ne rapportent n'en d’un point de vue financier. Mais pour nous, tout cela c’est notre quotidien.
Aujourd’hui les restructurations que l’on veut nous imposer, attaquent le cœur de notre métier, elles remettent en cause nos valeurs, ces valeurs qui font que pour satisfaire nos patients, nous sommes capables de sacrifier nos repos pour remplacer un collègue absent, de ne pas manger ou boire, tout cela, c’est un comble, au détriment de notre propre santé.
On nous demande d'être toujours plus efficaces, toujours plus rapides ou mieux organisés. Mais certains soins demandent du temps. L’exécution d’une toilette de patient alité est, selon les protocoles de soins, estimé entre 45 et 60 minutes. Faute de personnel suffisant, nous n’aurons plus le temps d'effectuer ce soin correctement entraînant un risque pour l’état cutané de nos patients, un risque d'augmentation des infections nosocomiales.
On nous demande de ne plus changer les draps aussi souvent, qui accepterait de se reposer dans des draps souillés?
Par la diminution au sein de nos effectifs, on nous contraint à effectuer plus de tâches sur notre temps de vacation au risque pour nous de devenir maltraitants, au risque de commettre des erreurs mettant en jeu la santé de nos patients, mettant en jeu notre diplôme.
Ce manque de temps à accorder à nos patients entraînera indéniablement une augmentation de leur angoisse, de leur agressivité ainsi que celle de leur famille mettant en difficulté voir en insécurité nos collègues. Comment assurer une éducation thérapeutique de qualité à nos patients en courant d'une chambre à l’autre?
Comment encadrer les personnels de demain, quand nous même, vous nous obligez par manque de temps, manque de moyens, manque d’effectifs à ne plus respecter scrupuleusement les protocoles de soins et d’hygiène.
Toutes ces interrogations sont pour nous source de stress, de malaise, de mal-être, d’insécurité au sein de notre travail. Nous nous soucions de la qualité de prise en charge de nos patients, nous demandons droit à travailler dans de bonnes conditions et en sécurité. Et pour cela, nous demandons des moyens humains pour le faire.
Nous ne pouvons pas accepter de faire «payer» à nos patients des politiques de santé qui mènent à la deshumanisation de l’hôpital, nous ne pouvons pas accepter de devenir seulement des techniciens du soin. Nous vous réclamons le droit de pouvoir rentrer chez nous en se disant nous avons fait notre travail correctement, tout simplement nous vous réclamons le droit d’être fier d'être des soignants.