Communiqué unitaire Santé et Action Sociale

Manifestation personnels Epahds, Aides, domicile et Retraités
Mardi, 8 octobre⋅10:00 à 12:00
Place Jean Jaurès 37000 Tours France
MANIF NATIONALE SANTE + SECOURS
Mardi, 15 octobre à Paris
Départ collectif en bus à 9h30
de la caserne des sapeur-es pompiers de Tours centre
et retour à 22h au même endroit.
Prix libre.
Vous pouvez vous inscrire auprès du Collectif Santé 37
Communiqué

En grève depuis mars dernier, les services d’urgence montrent la voie aujourd’hui. Ce mouvement démontre que, même dans un contexte contraint, la lutte paie.

Les mobilisations en cours appellent à l’élargissement et à la convergence des salarié.e.s des différents secteurs d’activités dans la Santé et l’Action Sociale qui portent des revendications partagées qui doivent être gagnées pour tous.

Sous effectifs, manque de lits, salaires : on constate une multiplication des conflits et des luttes menées dans les établissements de Santé qui touchent tous les secteurs d’activités.

Au-delà de l’important mouvement aux urgences, en EHPAD et dans les structures d’accueil des personnes âgées, les services de soins à domicile, des populations locales au côté des salarié.e.s avec les organisations syndicales défendent leurs services de psychiatrie, leurs maternités, leurs centres d’accueil pour la protection de l’enfance… et bien d’autres.

Urgence à défendre notre système de Santé et d’action Sociale, les missions de services publics pour les salarié.e.s, les usagè.r.e.s.

Les organisations syndicales représentatives médicales et paramédicales CFE- CGC, CFDT, CGT, FO, SUD, AMUF, le collectif Inter Urgences, le printemps de la Psychiatrie et la Coordination Nationale de Défense des Maternités et des Hôpitaux de Proximités, réunis mardi 25 septembre 2019 à Montreuil, appellent à la mobilisation des salarié.e.s et des usager.e.s pour défendre notre système de Santé et d’Action Sociale.

Ce sont 8,4 milliards d’économies imposées aux hôpitaux, entrainant la fermeture de 100.000 lits, de 95 services d’urgences et la disparition de la moitié des maternités sur le territoire en 20 ans !

Cette politique d’austérité libérale, exclusivement guidée par une vision comptable d’économies à court terme, a fini par gravement détériorer notre système de Santé et d’Action sociale. Les salarié.e.s, agent.e.s, de tous ces services exigent des effectifs et des moyens financiers supplémentaires pour faire face à l’activité dans les établissements et pour exercer leur mission auprès de la population.

Des mouvements de grève importants et croissants se développent sur tout le territoire. Ils reflètent un profond malaise et dénoncent une politique catastrophique de Santé et d’Action sociale qui ne prend plus « à bras le corps » l’ensemble des problématiques rencontrées par les personnels médicaux, non médicaux, ouvriers, administratifs, ainsi que les usager.e.s, tout cela en dégradant ostensiblement les conditions d’accueil des populations et les conditions de travail des personnels. Nous revendiquons :

  • Le recrutement de professionnel.le.s pluridisciplinaires qualifié.e.s
  • L’égalité Femmes/Hommes, à qualification égale rémunération identique pour relancer l’attractivité de nos métiers à prédominance féminine, toujours sous-rémunérés par rapport à d’autres secteurs à prédominance masculine et à qualification égale.
  • L’ouverture immédiate de lits d’hospitalisation, de structures d’accueil et l’arrêt des fermetures de services, d’établissements et de lits sur tout le territoire. Le maintien de l’ensemble des établissements de proximité, ceci pour rompre avec les déserts médicaux et sanitaires, pour un accès égalitaire qui permette d’accompagner et de prendre en charge toute la population. Plus de brancards dans les couloirs !
  • Le recrutement de personnels en nombre suffisant pour faire face à l’activité dans les services et les établissements pour contribuer à la nécessaire exigence d’une prise en charge optimale de la population en faveur de soins et d’un accompagnement individualisé, et non des soins déshumanisés standardisés comme c’est le cas aujourd’hui !
  • L’amélioration sensible des conditions des salarié.e.s pour une meilleure vie au travail et articulation avec leur vie familiale et sociale.
  • Une juste reconnaissance de la pénibilité de nos métiers pour un départ anticipé à la retraite à taux plein.

L’absence d’écoute du gouvernement a pour effet une profonde colère qui s’exprime depuis plusieurs mois, des personnels toutes catégories confondues qui sont épuisés mais déterminés à ne plus attendre. Nous ne voulons plus des « effets d’annonces » mais des actes concrets qu’il faut engager immédiatement pour de réelles améliorations des conditions de travail des salarié.e.s et d’amélioration de la qualité de prise en charge de la population. Nous exigeons d’être reçus par Madame la Ministre pour engager des négociations urgentes en particulier sur les thèmes suivants :

  • Recrutement de professionnel.le.s supplémentaires immédiatement et plan de formation pluridisciplinaire.
  • Revalorisation générale des salaires et reconnaissance des qualifications des professionnel.le.s
  • Renforcement des moyens financiers significativement pour les établissements, ce qui passe par une revalorisation de l’ONDAM à au moins 5% et donc de la Loi concernant le Plan de Finances de la Sécurité Sociale
  • L’arrêt de toutes les fermetures d’établissements, de services et de lits.
  • De réelles mesures qui garantissent l’accès, la proximité et l’égalité de prise en charge pour la population sur tout le territoire.
  • La reconnaissance de la pénibilité de nos métiers.

Pour obtenir satisfaction sur ces revendications, nous soutenons l’ensemble des mouvements de grève déjà en cours. Nous serons à l’initiative de mouvements de grèves et de toutes les actions décidées avec les salariés.e.s dans les établissements du sanitaire, du médico-social et social, privés et publics.

Nous proposons deux temps forts de mobilisation : le 8 octobre 2019 avec les retraité.e.s et le 15 octobre 2019  notamment dans les EPHAD, soins à domicile et avec nos collègues Sapeurs-pompiers.

Nous nous engageons à construire un mouvement large de convergence dans le cadre du Projet de Loi de Finance de la Sécurité Sociale dans la perspective d’une journée « morte » dans la Santé et l’Action Sociale pendant la première quinzaine de novembre au moment des débats parlementaires sur le PLFSS.

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Témoignages sur l’évolution des soins à l’hôpital de Tours

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Trois femmes, interviewées par le Collectif Santé 37 : notre santé en danger, racontent leur expérience d’hospitalisation à Tours sur une période qui s’étale de 1986 à mars 2017.

Premier témoignage

En 1986 mon premier enfant est né par césarienne à la maternité du Beffroi1.J’ai ensuite fait une hémorragie. Mon hospitalisation a duré 14 jours afin que je récupère (pas de transfusion possible à l’époque) même si mon enfant se portait bien.

Deuxième témoignage

24 sept 2001 à la clinique du Parc Chambray les Tours : La naissance de mon aînée a dû se faire par césarienne. A l’époque on préconisait de rester alitée une semaine complète à l’hôpital avant de sortir. La sortie s’est donc faite 10 jours après l’accouchement, contrairement à ce qui se fait aujourd’hui.

11 juin 2014 à l’hôpital Bretonneau: Pour la naissance de ma cadette, j’ai été victime d’une grosse hémorragie (j’ai dû être transfusée d’1,6 l de sang). Le lendemain, on m’annonçait que je pourrais rentrer chez moi le 3ème jour après l’accouchement en HAD (Hôpital à Domicile) avec des soins pour une grosse épisiotomie. Me trouvant très faible, et avec 2 enfants qui m’attendaient à la maison, j’ai demandé si cela n’était pas trop tôt quand même. On m’a répondu que c’était mieux pour moi et que mes enfants seraient contents!

Bonjour la culpabilisation!

De retour à la maison, en effet j’étais contente de retrouver mes enfants, mais j’étais également très faible, très fatiguée et frustrée parce que je ne pouvais pas m’en occuper alors qu’ils me sollicitaient. J’aurais eu besoin de me reposer un peu plus et d’être dans un endroit calme ce qui n’était pas possible avec les enfants.

Les infirmières me prodiguaient des soins dans ma chambre, avec la risque qu’un enfant n’y pénétre par surprise. Ainsi, mon intimité de patiente n’était absolument pas respectée. Les mauvaises conditions de soins ont retardé la cicatrisation. L’hygiène chez soi n’est pas celle d’un hôpital.

L’infirmière me disait de me reposer davantage, mais comment faire ? Le médecin m’avait dit que je pouvais rentrer chez moi, cela signifiait donc que j’étais capable de reprendre mes activités familiales, sauf que je voyais que je n’y arrivais pas; quelquefois j’en pleurais de fatigue et de culpabilité. Je venais d’avoir un 3ème enfant et je me disais que je n’étais pas capable de m’en occuper !

J’ai mis un an à m’en remettre.

Troisième témoignage

sur l’évolution lors de 4 hospitalisations sur des périodes différentes et pour des pathologies différentes

​Février 1994 en gynécologie à Bretonneau : 10 jours d'hospitalisations pour une complication hémorragique au cours d’une intervention gynécologique
​février 2008 : dans le même service, 24 h d’hospitalisation suite à une opération d'un cancer du sein avec prescription d’un suivi infirmier externe

​Juillet 2016 : dans le même service, opérée pour une intervention gynécologique le vendredi, je suis sortie le lundi fin de matinée. Pourquoi ? Au regard de l'antériorité de mon dossier, la gynécologue qui m'opérait a décidé d'une journée d'hospitalisation en plus  que prévu pour ce type d’acte, mais elle - a dû justifier la raison de cette journée supplémentaire; là aussi je suis sortie avec une liste de n° de téléphone à contacter en cas de besoin et le nom de l'infirmière proche de mon domicile.

​Mars 2017 pose d'une prothèse de genoux  dans le service d’orthopédie à Trousseau : je devais sortir le mardi, le dimanche j'ai été informée de ma sortie pour le lundi par décision du cadre de santé

Voila les différents témoignages sur ce que j'ai vécu au cours de  mes hospitalisations mais je rend  hommage aux praticiens et personnels soignants pour leur dévouement dans un contexte de travail difficile.


Commentaires

Ces récits qui s’étalent sur une période de 31 ans donnent une idée de la dégradation de la prise en charge hospitalière ; même s’il est question en 2001 d’un établissement privé, la clinique du Parc, les préconisations étaient les mêmes à cette période qu’à l’hôpital.

Ce qui frappe au niveau des accouchements, à 15 années d’intervalle, c’est qu’auparavant on laissait plus de temps aux femmes pour récupérer. Maintenant, les conditions particulières des patientes sont de moins en moins prises en compte, il faut respecter le protocole ! La culpabilisation des mères est un argument bien facile et particulièrement révoltant pour libérer les lits au plus vite.

Alors que les moyens techniques progressent, la condition des femmes ne s’améliore pas pour autant pour des raisons budgétaires !

La dictature de la diminution de la durée de séjour préconisée n’est pas une amélioration point s’en faut ! Les protocoles ne peuvent pas s’adapter à tout le monde surtout pour des raisons financières. Il fut un temps où on adaptait les soins en fonction des patients, pour un retour à la maison dans de bonnes conditions. A l’heure actuelle, la prise en compte de la rentabilité passe avant l’état de santé physique ou psychique du ou de la patient.e. Pour un accouchement c’est 3 jours, ensuite vous vous débrouillez avec les infirmiers libéraux ou dans de rares cas en HAD Hôpital à domicile. Le 2ème témoignage montre à quel point ces solutions peuvent être préjudiciables aux patientes.

La durée d’hospitalisation est fonction du protocole et non de l’état du patient ou sinon il faut le justifier, ce qui fait dire à une des femmes que le chirurgien est maintenant aux ordres de l'administration  et de sa logique comptable ​au lieu de donner la priorité au patient. Le retour à domicile dans n’importe quelles conditions pose d’autres difficultés ; avec la pénurie médicale dans de nombreuses régions, la sortie trop rapide peut amener un défaut de soins. De même, les infirmières à domiciles toutes compétentes qu’elles soient, sont surchargées de travail ; il y a donc des limites à cette politique imposée aux patients.

Une infirmière retraitée ayant travaillé dans les hôpitaux plus de 40 ans ajoute : respectez les patients en tenant compte de leurs besoins réels et les soignants retrouveront le plaisir du travail bien fait et ils rentreront chez eux certes fatigués mais satisfaits. Les objectifs comptables de l’hôpital mettent patients et soignants sur une ligne dangereuse alors que les moyens de bien soigner existent.

1 Annexe du CHU de Tours qui a été fermée en 2003

Nouvelle mobilisation de Clocheville le 5 octobre

C'est au petit jour qu'une délégation du personnel en grève de Clocheville s'est rendue au cabinet du maire de Tours, en tant que président du conseil de surveillance du CHRU de Tours. La délégation d'une dizaine de personnes était bien soutenue par plus d'une soixantaine de personnels de Clocheville rejoints par des soutiens divers appelés par les syndicats, CGT et Solidaires mais aussi par le collectif 37 Notre santé en danger. C'est ainsi qu'on a pu voir des étudiant.es, des salariés du transport, des collègues de Loches...

 Le personnel expliquait les conditions de travail dans cet hôpital vétuste qui n'a pas été entretenu depuis 5 ans en attente de son transfert à Trousseau. Les ascenseurs sont régulièrement en panne obligeant à démonter des lits pour passer dedans, les locaux sont chauds l'été 32 ° parfois dès le matin et froids l'hiver parce que les fenêtres ferment mal. Le manque de personnel oblige à remplacer dans des services comme la réa ou les urgences sans formation, donc en mettant en danger les enfants.

Le retour du maire n'a pas été à la hauteur des attentes; il a proposé de faire une motion au gouvernement avec les autres maires du département pour soutenir les demandes du personnel. Il promet le déblocage d'une première enveloppe pour les travaux urgents. Pour l'augmentation du personnel de remplacement il a déclaré que c'était hors de sa compétence.

Dans d'autres villes les maires participent au mouvement de soutien de la population à la lutte du personnel comme à Carhaix. Pourquoi pas à Tours?

Un appel a été lancé par les syndicats CGT et SUD pour participer à l'initiative du 7 octobre à 14h30 dans le cadre du tour de France pour la santé

Collectif 37 Notre santé en danger
collectifsante37@gmail.com