Non à la loi Buzin

Communiqué de la Coordination Nationale: Non à la loi Buzin

Alors que le Sénat doit se prononcer cette semaine sur le projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé la Coordination Nationale des Comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité tient à manifester son inquiétude : ce projet de loi n’est pas à la hauteur de la crise de l’hôpital public et de l’accès aux soins dans notre pays ; pire il aggrave les décisions précédentes qui ont conduit à cette crise et favorise le secteur privé, contrairement à l’intérêt général.

Voici le communiqué

Lure le 3 Juin 2019

Non à la loi Buzyn :
C’est la remise en cause de l’accès aux soins de proximité

Alors que le Sénat doit se prononcer cette semaine sur le projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé la Coordination Nationale des Comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité tient à manifester son inquiétude : ce projet de loi n’est pas à la hauteur de la crise de l’hôpital public et de l’accès aux soins dans notre pays ; pire il aggrave les décisions précédentes qui ont conduit à cette crise et favorise le secteur privé, contrairement à l’intérêt général.

La définition que donne Madame Buzyn des hôpitaux de proximité est un recul de plusieurs décennies, sans maternité, sans chirurgie, voire sans urgence ni SMUR. L'objectif annoncé de cinq à six cents hôpitaux labellisés « hôpitaux de proximité », va entraîner de facto la fermeture de nombreuses maternités, services de chirurgie et services d'urgence.

La référence au terme de « proximité » est une tromperie, un miroir aux alouettes qui vise à masquer la volonté gouvernementale de déclasser des centaines d’hôpitaux.

Pour les citoyens, la « proximité », c'est la garantie de plus d'humanité et de sécurité sanitaire.

Pour la Coordination, un véritable hôpital de proximité doit comporter, non seulement un service de médecine, mais aussi au minimum un service d'urgence fonctionnant 24h/24, une maternité de premier niveau, une activité de chirurgie avec le plateau technique nécessaire, la présence d'un SMUR : la proximité, c’est la sécurité.

Ce niveau de soins est une condition sine qua non pour assurer un maillage territorial permettant d'assurer un accès égalitaire aux soins pour toutes et tous.

Pour la pérennité et la qualité du service public, il est vital de mettre un terme à la marchandisation de la santé, de maintenir et développer l'emploi, la création de lits, de réguler l'installation des professionnels de santé et de mettre en place un véritable service de santé de proximité organisé autour des centres de santé.

Le projet de loi acte la fin du numerus clausus, limitant le nombre de médecins formés, mais, sans moyens supplémentaires pour l’université, cela ne sera que des mots.

Les comités de la Coordination Nationale ont interpellé les sénateurs de leur département en ce sens.

La Coordination Nationale appelle à signer le manifeste pour une renaissance des maternités, initié avec le collectif du Blanc, et à participer massivement aux initiatives de ses comités le 15 juin, dans le cadre d’une journée d’action nationale contre les fermetures de maternités, de services d’urgences, de chirurgie et pour l’accès de toutes et de tous aux soins dans la proximité et sans discriminations financières, c’est à dire pour une prise en charge à 100 % par la Sécurité Sociale.

Le communiqué

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témoignage d'une infirmière


témoignage d'une infirmière

La soirée du 20 octobre pour la « défense de l’Hôpital » a été l’occasion de multiples échanges entre usagers et personnels de l’hôpital. Voici le témoignage d’une infirmière lu au cours de la soirée et publié sur le site de la Rotative:

Mesdames, messieurs,
Comme vous le savez le CHU de Tours va être le théâtre d’un vaste plan de restructuration. Notre direction a d’ailleurs largement communiqué sur ce plan : nouveau bâtiment, meilleur accueil pour les patients. Mais sous couvert de modernisation ce sont bien toutes les catégories de personnel qui vont être touchées par un plan social déguisé. Bien sur, il n’y aura pas de licenciement sec mais des départs non remplacés, des contrats non renouvelés et pour la population moins de lits, des délais d’attente plus long pour leur prise en charge.
En tant qu’infirmière, je fais partie du personnel soignant.
Ce métier comme la plupart de mes collègues je l’ai choisi car comme on nous l’a enseigné lors de nos différents cursus, il permet d’appréhender la globalité d’un ou d’une patiente. Les soins, pour en rappeler la définition du Larousse, se sont : « des actes par lesquels on veille au bien être de quelqu’un, des actes thérapeutiques qui visent à la santé de quelqu’un, de son corps » mais aussi «des actes d’hygiène, de cosmétiques qui visent à conserver ou à améliorer l’état de la peau, des ongles, des cheveux..». En l’occurrence, ses soins que nous prodiguons à nos patients sont le cœur de notre métier, ils sont le moyen de conserver voir d'améliorer l’état de santé de nos patients, ils englobent des soins techniques en collaboration avec l’équipe médicale ou relevant de notre rôle propre mais aussi des soins relationnels.
De plus pour la plupart d’entre nous, nous avons choisi d'exercer notre métier au sein du secteur public, pensant éloigner la notion de « merchandising » du soin et par conséquent pouvoir prodiguer des soins sans souci de rentabilité.
Aujourd’hui nous avons bien compris que l’hôpital outre sa fonction de service public doit aussi se comporter comme une entreprise générant des profits et afin de recueillir ses dits profits, il faut rentabiliser la prise en charge non plus des patients et patientes mais des clients et clientes. Et nous comprenons bien que pour des gestionnaires, écouter, tenir une main, rassurer, parfois essuyer des larmes et même accompagner les derniers souffles ne rapportent n'en d’un point de vue financier. Mais pour nous, tout cela c’est notre quotidien.
Aujourd’hui les restructurations que l’on veut nous imposer, attaquent le cœur de notre métier, elles remettent en cause nos valeurs, ces valeurs qui font que pour satisfaire nos patients, nous sommes capables de sacrifier nos repos pour remplacer un collègue absent, de ne pas manger ou boire, tout cela, c’est un comble, au détriment de notre propre santé.
On nous demande d'être toujours plus efficaces, toujours plus rapides ou mieux organisés. Mais certains soins demandent du temps. L’exécution d’une toilette de patient alité est, selon les protocoles de soins, estimé entre 45 et 60 minutes. Faute de personnel suffisant, nous n’aurons plus le temps d'effectuer ce soin correctement entraînant un risque pour l’état cutané de nos patients, un risque d'augmentation des infections nosocomiales.
On nous demande de ne plus changer les draps aussi souvent, qui accepterait de se reposer dans des draps souillés?
Par la diminution au sein de nos effectifs, on nous contraint à effectuer plus de tâches sur notre temps de vacation au risque pour nous de devenir maltraitants, au risque de commettre des erreurs mettant en jeu la santé de nos patients, mettant en jeu notre diplôme.
Ce manque de temps à accorder à nos patients entraînera indéniablement une augmentation de leur angoisse, de leur agressivité ainsi que celle de leur famille mettant en difficulté voir en insécurité nos collègues. Comment assurer une éducation thérapeutique de qualité à nos patients en courant d'une chambre à l’autre?
Comment encadrer les personnels de demain, quand nous même, vous nous obligez par manque de temps, manque de moyens, manque d’effectifs à ne plus respecter scrupuleusement les protocoles de soins et d’hygiène.
Toutes ces interrogations sont pour nous source de stress, de malaise, de mal-être, d’insécurité au sein de notre travail. Nous nous soucions de la qualité de prise en charge de nos patients, nous demandons droit à travailler dans de bonnes conditions et en sécurité. Et pour cela, nous demandons des moyens humains pour le faire.
Nous ne pouvons pas accepter de faire «payer» à nos patients des politiques de santé qui mènent à la deshumanisation de l’hôpital, nous ne pouvons pas accepter de devenir seulement des techniciens du soin. Nous vous réclamons le droit de pouvoir rentrer chez nous en se disant nous avons fait notre travail correctement, tout simplement nous vous réclamons le droit d’être fier d'être des soignants.