Avec les personnels des EHPADs et des services de maintien à domicile le 15 mars 2018 !


En 2003, la canicule faisait éclater au grand jour la grande misère de la prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie dans notre pays, les carences en personnel dans les maisons de retraite, l’insuffisance de formation et de qualification des professionnels, le manque de moyens et les conséquences désastreuses en terme humain : des centaines de personnes âgées sur des brancards aux urgences, l’impossibilité pour notre système de santé de faire face à cette crise sanitaire et au bout 15 000 morts.
Aujourd’hui, 15 ans après, les personnels des EHPADs se mobilisent depuis des mois et dénoncent avec force leurs conditions de travail et l’impossibilité qui en résulte de prendre soin des personnes âgées accueillies dans les établissements.
Toilettes à la chaîne, repas expédiés, manque de temps pour tout et surtout pour l’essentiel, la relation et l’écoute. Voilà leur lot quotidien.
Les personnels sont épuisés, les accidents et les arrêts de travail explosent. Il faut courir encore plus et plus pour pallier les dysfonctionnements qui se répètent.
Ces conditions génèrent de la souffrance pour les personnels, les personnes âgées et leurs proches.
Loin de répondre aux problèmes posés, les politiques menées ont accentué les difficultés du secteur public ou non lucratif :
  • En ne donnant pas les moyens humains et financiers aux établissements et aux services de maintien à domicile, nécessaires à un accompagnement et des soins de qualité
  • En supprimant des lits d’hospitalisation par centaines en gériatrie, avec pour corollaire l’accueil par les EHPADs, sans moyens supplémentaires, de résidents présentant des pathologies multiples et lourdement dépendants ou des retours au domicile insuffisamment sécurisés.
En parallèle, cette situation a favorisé le développement d’un secteur privé commercial non accessible à une majorité et à forte rentabilité pour les actionnaires.
La politique développée aujourd’hui poursuit dans le même sens. Elle met en place une réforme de la tarification qui renforce les contraintes budgétaires sur les établissements.
Les Services de maintien à domicile connaissent la même logique d’austérité.
Comme à l’hôpital, le personnel devient la variable budgétaire. On réduit les effectifs au maximum, on rogne sur tous les temps et sur tout, on met en place des organisations de travail dont le seul objectif est de réduire les coûts.
Dans ces conditions, comment l’EHPAD peut-elle être le lieu de vie qui conjugue accompagnement, soins, humanité et citoyenneté pour les personnes âgées en perte d’autonomie ?
Comment accompagner, soigner dans le respect de la personne âgée et de ses désirs ? en établissement comme au domicile.
La Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, la Convergence des collectifs de défense et de développement des service publics et le Collectif Notre Santé en Danger apportent leur soutien plein et entier à la journée d’action du 15 mars.
Ils appellent à participer aux initiatives, rassemblements, manifestations.
Ils soutiennent les revendications de l’intersyndicale.
Ils demandent que les moyens humains et financiers soient donnés aux établissements et aux structures de maintien au domicile nécessaires à une prise en charge de qualité dans toutes les dimensions du soin et de l’accompagnement et dans le respect de la personne en perte d’autonomie et de ses désirs.
Ils refusent la marchandisation de ce secteur et appellent au développement de services publics dotés de moyens nécessaire.
Ils revendiquent un financement solidaire à 100% de la perte d’autonomie dans le cadre de la Sécurité sociale.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Forum des associations à St pierre des Corps le 7 septembre 25

Le collectif 37 Notre Santé en danger tenait un stand au forum des associations de St Pierre des Corps. A cette occasion nous avons communiqué sur le budget et les conséquences de l'austérité sur les enfants, la santé mentale des jeunes, l'accès aux soins des sans papiers avec la suppression de l'AME... Nous avons aussi mis en avant les méfaits des pesticides sur les cultures en Guadeloupe Martinique (chlordécone). Nous prévoyons d'organiser des communications débat sur la santé dans les colonies françaises.

Coordination Nationale, infos de la semaine

Le dernier gouvernement du président Macron a terminé en voulant imposer, par des décrets, le doublement des franchises médicales, qui va accroître les restes à charge à payer par les malades, le durcissement de l'accès à l'AME (aide médicale d’État) avec des conséquences sur la santé individuelle des personnes en situation « irrégulière », mais aussi sur la santé publique.

Nos anciens valent bien plus que l'or gris

800 personnes défilaient dans les rues de Tours, mardi 30 janvier, usagers et soignants réunis, suivant l’appel national des syndicats pour dénoncer la situation dans les EHPAD qui fait souffrir les uns et les autres et exiger des moyens pour des conditions de vie dignes et respectueuses de nos ancien-nes. Et il en a été de même dans toute la France où la mobilisation a été très suivie.

Ehpad : “Les vieux n’intéressent pas et ils coûtent cher” titrait la Nouvelle République dans son bilan de la journée.
Ce titre provocateur reflète probablement le sentiment d’abandon que certains soignants peuvent ressentir devant le manque de moyens et des conditions de travail insupportables.
Il reflète aussi très certainement le sentiment de colère des familles qui n’ont pas les moyens d’héberger leurs parents chez eux et qui sont obligés de les confier aux EHPAD pour un montant qui dépasse souvent les 2000 euros par mois, ce qui est bien au-dessus du niveau des pensions à l’heure où une nouvelle « réforme » va encore s’attaquer aux retraites.
Il reflète enfin le discours de certains « acteurs »  qui jouent pleinement le jeu de l’économie néo-libérale tendant à faire de nous des individus sans mémoire et sans racine. Nous conseillons, à ceux-là, la lecture de l’article de Victor Ayoli.

Et pourtant, dans le même temps, l’exploitation de « l’or gris » est devenu un business très rentable pour les fonds d'investissements qui ont jeté leur dévolu sur des groupes privés qui gèrent les EHPAD comme des entreprises du cac 40 (voir article de Jean-Guy Trintignac).

Dans un entretien accordé à « là-bas si j’y suis » en juillet 2017, les salariés grévistes des Opalines à Foucherans déclaraient comment leur direction encaissait des subventions publiques en promettant des créations de postes qu’ils ne voyaient jamais. Cet entretien est rappelé dans un article du site, en accès libre, consacré à Anne-Sophie Pelletier, porte paroles des Opalines, qui vient d’être élue personnalité de l’année par les lecteurs des journaux Le Progrès et La Voix du Jura.

Pour l’instant, le gouvernement déclare, comme il le fait sur de nombreux dossiers, qu’il étudie la question. Il essaye, en attendant, de colmater les brèches avec des annonces de quelques millions supplémentaires concédés au secteur de la santé mais qui ne compensent même pas les ponctions réalisées l’an dernier dans ce même secteur, alors même que des milliards ont été donnés aux plus riches cet automne, comme le rappelait avant-hier François Ruffin dans son discours devant l’Assemblée Nationale.

Comme le signale la CGT dans son communiqué, la lutte des salariés des EHPAD va se poursuivre et leurs revendications, à commencer par l’exigence de la présence d’un agent pour un résident, doivent être soutenues. Elles posent une question politique essentielle : celle de la place que la société donne à toutes celles et à tous ceux qui en raison de leur âge, de leur handicap, ou pour toute autre cause, ne sont pas en état de produire.

Sont-ils des êtres « en trop » que l’on tolère en leur permettant de survivre ? Ou ont-ils le droit de vivre, dans les meilleures conditions possibles au sein d’une société accueillante pour tous ?