Nos anciens valent bien plus que l'or gris

800 personnes défilaient dans les rues de Tours, mardi 30 janvier, usagers et soignants réunis, suivant l’appel national des syndicats pour dénoncer la situation dans les EHPAD qui fait souffrir les uns et les autres et exiger des moyens pour des conditions de vie dignes et respectueuses de nos ancien-nes. Et il en a été de même dans toute la France où la mobilisation a été très suivie.

Ehpad : “Les vieux n’intéressent pas et ils coûtent cher” titrait la Nouvelle République dans son bilan de la journée.
Ce titre provocateur reflète probablement le sentiment d’abandon que certains soignants peuvent ressentir devant le manque de moyens et des conditions de travail insupportables.
Il reflète aussi très certainement le sentiment de colère des familles qui n’ont pas les moyens d’héberger leurs parents chez eux et qui sont obligés de les confier aux EHPAD pour un montant qui dépasse souvent les 2000 euros par mois, ce qui est bien au-dessus du niveau des pensions à l’heure où une nouvelle « réforme » va encore s’attaquer aux retraites.
Il reflète enfin le discours de certains « acteurs »  qui jouent pleinement le jeu de l’économie néo-libérale tendant à faire de nous des individus sans mémoire et sans racine. Nous conseillons, à ceux-là, la lecture de l’article de Victor Ayoli.

Et pourtant, dans le même temps, l’exploitation de « l’or gris » est devenu un business très rentable pour les fonds d'investissements qui ont jeté leur dévolu sur des groupes privés qui gèrent les EHPAD comme des entreprises du cac 40 (voir article de Jean-Guy Trintignac).

Dans un entretien accordé à « là-bas si j’y suis » en juillet 2017, les salariés grévistes des Opalines à Foucherans déclaraient comment leur direction encaissait des subventions publiques en promettant des créations de postes qu’ils ne voyaient jamais. Cet entretien est rappelé dans un article du site, en accès libre, consacré à Anne-Sophie Pelletier, porte paroles des Opalines, qui vient d’être élue personnalité de l’année par les lecteurs des journaux Le Progrès et La Voix du Jura.

Pour l’instant, le gouvernement déclare, comme il le fait sur de nombreux dossiers, qu’il étudie la question. Il essaye, en attendant, de colmater les brèches avec des annonces de quelques millions supplémentaires concédés au secteur de la santé mais qui ne compensent même pas les ponctions réalisées l’an dernier dans ce même secteur, alors même que des milliards ont été donnés aux plus riches cet automne, comme le rappelait avant-hier François Ruffin dans son discours devant l’Assemblée Nationale.

Comme le signale la CGT dans son communiqué, la lutte des salariés des EHPAD va se poursuivre et leurs revendications, à commencer par l’exigence de la présence d’un agent pour un résident, doivent être soutenues. Elles posent une question politique essentielle : celle de la place que la société donne à toutes celles et à tous ceux qui en raison de leur âge, de leur handicap, ou pour toute autre cause, ne sont pas en état de produire.

Sont-ils des êtres « en trop » que l’on tolère en leur permettant de survivre ? Ou ont-ils le droit de vivre, dans les meilleures conditions possibles au sein d’une société accueillante pour tous ?

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Le 4 avril, avec le social et le médicosocial

Jeudi 4 avril 2024, les secteurs social et médico-social étaient dans la rue, à l’appel de Sud Solidaires, la CGT, FO soutenus par le Collectif 37 Notre Santé en Danger.

Plusieurs établissements ou associations étaient représentés, dont La Boisnière, l’ADAPEI, l’Eveil, les Elfes, le CH de Luynes des étudiant.es de l’ITS….

Une travailleuse sociale et une AESH ont donné des éléments pour comprendre cette mobilisation nationale qui concerne à la fois le social et le médico-social, les pénuries dans l’un et l’autre secteur augmentant les difficultés pour les usager-ères: Et malgré un constat déjà alarmant, le gouvernement choisit de réduire les budgets de fonctionnement de plus d'un milliard d'euros cette année. 

Quand les Travailleur-ses Sociaux et médico- sociaux-les craqueront et n'en pourront plus, qui prendra en charge l'enfance en danger, les personnes vieillissantes, les personnes en situation de handicap, les personnes en insertion professionnelle, les personnes à la rue, les personnes sortant de prison, les personnes migrantes, les personnes mal logées, les personnes dont les accidents de vie empêchent de se nourrir, de se chauffer, de se vêtir ...

De quelle société voulons nous ?
  •  150 travailleurs et travailleuses sociaux et médico-sociaux en grève se sont rassemblé.es devant la préfecture avant de manifester jusqu'à l'ARS pour revendiquer:
    • La prime Ségur 183€ pour tous-tes! Sans conditions!
    • La sauvegarde de leurs conventions collectives ! 
    • Refus du décret d'1 milliard d'euros d'économies dans le social!
    • Mesures attractives pour le métier, augmentation de salaires!
    • De vrais moyens pour accueillir/accompagner dignement les personnes.
      Il y a 1,2 millions de travailleurs et travailleuses sociaux en France.
      En 2 ans il y a eu 150 000 départs à la retraite et 90 000 démissions depuis la COVID.
      30 000 postes restent non pourvus dans le social d' où :
  •  Les personnes âgées se retrouvent abandonnées et leurs familles en souffrance.
    • Par manque de places dans des établissements, elles sont maintenues à domicile avec peu ou pas du tout l'accompagnement nécessaire, les familles se retrouvent alors devoir les prendre en charge.
  • Il y a aussi les personnes en précarité financière, sans emploi, qui peinent à se loger (et au passage le gouvernement veut alléger la loi SRU qui garantit notamment la mixité sociale), les personnes en souffrance psychique, les personnes isolées, les personnes qui ont fui leur pays pour leur survie.... on a tous et toutes été, on est tous et toutes et/on sera tous et toutes confronté.es au travail social à un moment de notre vie. 
  • Une enfance en danger, puisque les enfants ne sont pas pris en charge.
    Lorsqu'ils devraient être placés, ils ne peuvent pas l'être par manque de personnel, de places dans les foyers d'accueils...
    On peut même parler de maltraitance pour les enfants qui ont besoin de soins dans le médico-social, mais qui n'en n'ont pas, par manque de structures spécialisées, de personnels, qui sont donc en "inclusion" dans les écoles en attendant... 
    • Inclusions sans les moyens nécessaires et maltraitantes également. Avec des AESH mutualisées qui accompagnent plusieurs enfants en même temps, qui n'ont pas les formations adaptées et pas en nombre suffisant par manque d'attractivité du métier, avec un salaire sous le seuil de pauvreté et rappelons également que ce sont en majorité des femmes encore une fois non reconnues pour leur travail.

Les travailleurs et les travailleuses sociaux d'aujourd'hui représentent la dernière digue. Elle est en train de péter !

Tout l'équilibre et le lien social que le travail social permet de maintenir est en train de s'effondrer !

Rappelons également que 90% des travailleuses sociales sont des femmes qui ne sont pas valorisées pour leurs compétences professionnelles, puisque ce système patriarcal considère que c'est un travail "inné" chez les femmes...

Le social se bat pour tout le monde!
Et tout le monde se bat pour le social!

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Intervention du 23 mars 2024 journée internationale contre le racisme, le fascisme et le colonialisme

Le Collectif Notre Santé en Danger est mobilisé aujourd’hui contre le racisme, le fascisme et le colonialisme : nous refusons toujours la réforme de l’Aide médicale d’état, qui permet un accès minimal aux soins des personnes sans-papiers, et dont Fréderic VALLETOUX a annoncé qu’elle se ferait par décret avant le 1er juillet, pour en durcir encore les conditions d’accès. Avec une telle mesure, le gouvernement banalise un climat de haine de l’autre et veut imposer l’idée qu’on n’aurait plus les moyens de soigner tout le monde, qu’il faut faire « le tri » entre les malades. Mais attaquer l’AME c’est attaquer la santé de tous et toutes ! Dans le même temps, G. Attal a annoncé vouloir nommer un émissaire pour aller chercher des médecins à l’étranger et les faire travailler en France : Vision très néocoloniale qui consiste à déshabiller des pays de leurs médecins à notre profit, pour ensuite restreindre l’accès aux soins des malades de ces mêmes pays. L’hôpital public repose aujourd’hui en bonne partie sur des médecins étrangers, mais ils y sont sous-payés, surexploités et maintenus dans la précarité. Notre santé a besoin d’eux, avec les mêmes statuts et salaires que leurs collègues !

Nous continuons d’exiger l’accès aux soins pour toutes et tous avec ou sans papiers !

Et bien sûr, nous condamnons les bombardements commis par Israël sur les hôpitaux à Gaza, tuant indistinctement, des malades de tous âges et des soignants.

Collectif 37 Notre santé en danger
collectifsante37@gmail.com